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Santé, il n’y a pas que la Covid-19

L’affaire du Covid-19, apparu en Chine, dans un contexte de guerre économique mondiale exacerbée, fait oublier le sida, le paludisme ou la tuberculose, trois maladies qui, réunies, font de six à sept millions de morts par an dans le tiers- monde. Le débat français sur l’hydroxychloroquine apparaît surréaliste à nos amis africains. Le dé-confinement à rayon limité (100 km) montre la gestion encore une fois infantilisante, voire punitive, au détriment de l’intelligence collective, qui aurait pu définir des conditions de circulation beaucoup plus respectueuses des personnes.

La mesure de la mortalité spécifique imputable à un événement exceptionnel tel que l’épidémie de Covid-19 devra être analysée conjointement avec ce qui a pu se passer avant ou ce qui se passera après, et pourra être comparée aux grippes saisonnières. A noter :  
– avant : la « clémence » de la grippe saisonnière – les mois de janvier et février 2020 sont des points bas de mortalité – a épargné des personnes très fragiles, ce qui a sans doute accru la population à risque face à  l’épidémie de Covid 19 ;
– après : on pourrait constater un « déficit de mortalité » correspondant aux vies écourtées par l’épidémie, comme cela a pu être après la canicule de 2003. De même, le pic de décès de janvier 2017 dû à la grippe a été suivi par des points bas de mortalité en mars et avril.

Pendant ce temps, en France, on compte 600 000 décès par an ; les cancers tuent 150 000 personnes par an, les maladies cardio-vasculaires 140 000,  le tabac tue  73 000 personnes par an, l’alcool 41 000. Depuis l’arrivée du Covid, l’effet de sidération, et les phénomènes de peur observés, nuisent à l’évaluation sereine des bénéfices-risques dans les prises de décision. Les lourdeurs administratives s’amplifient.

Masques, pas masques ? Les petites couturières bénévoles pendant des semaines, les PME qui viennent de changer leur chaîne, ont pallié aux carences de la puissance publique. 

Tests, pas tests ? On en est encore là en France, contrairement à d’autres pays mieux équipés. C’est désormais un sujet d’étude pour les sociologues. La mort peu visible, en hôpital, en EHPAD, plutôt qu’en famille, rend la population, et ses « délégués » politiques beaucoup plus fragiles face à la notion de risque, et à la prise en compte de la qualité de vie. Au point par exemple de sacrifier la culture et le sport, pensons aux difficultés d’entraînement que connaissent actuellement les sportifs de haut niveau. Sans parler de la crise sociale, économique, éducative …

La peur est très mauvaise conseillère. Les efforts de tous ceux qui veulent la réussite du dé-confinement n’en sont que plus remarquables, et méritent aujourd’hui les applaudissements de nos 20 h. Au bout du compte, seul un bilan sur l’année sera pertinent.

 

Suzanne BOURDET   Michel FAYE  conseillers municipaux

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