Eté du nucléaire 2 / Géopolitique et nucléaire à la française
Photo: Mine d’Uranium de l’Aïr, au Nord du Niger
Nucléaire civil, quand les problèmes s’accumulent
Les thuriféraires du nucléaire à la française prennent de gros risques :
- Multiplication de problèmes et surcoûts aussi bien pour nos anciennes centrales que pour les EPR, qui ne fonctionnent pas encore, alors que les budgets s’envolent.
- Mauvaise nouvelle: L’EPR de Taishan 1 ( Chine) a été stoppé secrètement le 1er février 2023, car les gaines métalliques contenant les pastilles d’uranium se détériorent trop vite, au risque de rompre*
- L’approvisionnement en uranium rend la France dépendante de pays pas toujours très fréquentables, comme en ce moment le Niger.
Les pays producteurs d'uranium
Cinq pays ont des réserves d’uranium qui dépassent 5% des réserves mondiales :
l’Australie (31% des réserves mondiales) ; le Kazakhstan (12%) ; le Canada (9%) ; la Russie (9%) ; le Niger (8%).
Liaisons dangereuses : L’uranium utilisé en Europe provient très largement de la Russie pour plusieurs pays. La France n’achète pas d’uranium à la Russie, mais elle achète près de la moitié de l’uranium dont elle a besoin au Kazakhstan et en Ouzbékistan, deux pays contrôlés par la Russie.
Le secteur du nucléaire échappe aux sanctions contre la Russie, chut, chut.
Quels sont les pays qui fournissent l'uranium à la France ?**
La France, par l’intermédiaire de sa multinationale ORANO (anciennement AREVA), achète à l’étranger la totalité de l'uranium servant aux 56 réacteurs nucléaires français (dont 17 à l’arrêt actuellement). Les besoins français sont d’environ 10 000 tonnes d'uranium naturel par an. A raison de 50 euros environ la livre, et 1 tonne = 2205 livres, l’achat d’uranium coûte à la France environ 1 milliard d'euros par an.
- En 2020, le Niger était le premier fournisseur d’uranium de la France, et couvrait 34,72 % des besoins de la France [groupe Orano (ex-Areva)]
- En 2021, un site d’extraction du Niger a été fermé (parce qu’épuisé).
- Aujourd’hui, le Niger ne couvre plus que 20 % environ des besoins de la France ( les chiffres varient selon les sources, les chiffres des douanes semblent les plus fiables) . Cependant, le gisement d’uranium actuel du Niger est à ciel ouvert, dans une zone difficile, banditisme, trafic de drogue et de migrants, terrorisme et montée d’un sentiment anti-français.
- Voici les chiffres des importations françaises d’uranium entre avril 2022 et avril 2023 : les fournisseurs de la France sont le Kazakhstan (25,81% ), l'Ouzbékistan (22,50%) (deux pays contrôlés par la Russie), le Niger ( 22,00% ), l'Australie (16,84%) , la Namibie (11,18%) et l’Afrique du Sud (1,64%). Depuis peu, le Canada est aussi sur les rangs (chiffre en évolution).
Problèmes majeurs :
- La France dépend entièrement de pays étrangers pour son approvisionnement en uranium.
- « La France ne tient pas compte des pollutions causées par l’extraction de l’uranium à l’étranger et de leurs conséquences, notamment sur les mineurs et sur les communautés indigènes.
- La pollution permanente qui émane des 247 mines d’uranium abandonnées (car trop peu rentables) en France est également peu connue. » ***
Suzanne Bourdet Michel Faye
* Le Canard Enchaîné du 28 juillet 2023-07-29
** L’approvisionnement de la France en uranium ; part provenant du Niger
*** https://reporterre.net/Uranium-la-face-cachee-du-nucleaire-francais
Images
Image de titre, mine à ciel ouvert au Niger : https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/04/13/au-niger-la-mine-d-uranium-geante-d-orano-sous-haute-tension_6169276_3234.html
Carte: https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/reserves-duran...
Histogramme : FIGDATA, Douanes
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