Back to top

Musique Découverte 1 / Une compositrice de génie au temps de Lully : Elisabeth Jacquet de la Guerre.

          Nous vous emmenons dans ce blog à la rencontre d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, claveciniste et compositrice de génie, au temps de Lully et de la musique baroque.

Une compositrice reconnue

          Il y a 270 ans, en 1721, Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) « composa un grand Te Deum qui fut exécuté dans la chapelle du Louvre à l’occasion de la guérison de Louis XV, atteint de la variole »*.

          Jusqu’au XVIIIème siècle, la variole, maladie virale (due à un poxvirus),  a fait des dizaines de milliers de morts par an rien qu'en Europe. Au XXème siècle, la vaccination a permis de déclarer en 1980 la variole éradiquée, à l’échelle mondiale. En 1721, la guérison du roi Louis XV, qui vécut jusqu’à 1774, méritait donc une composition d’un « auteur d’exception », ce fut Elisabeth Jacquet de la Guerre qui fut choisie.

 

Naissance de talents « interdits »,  une famille d’exception

          On redécouvre aujourd’hui Elisabeth Jacquet de la Guerre, compositrice et claveciniste française. Elle naquit dans une famille de musiciens de renom (hommes). Alors que les papes successifs interdisaient la musique aux femmes, les parents d’Elisabeth Jacquet furent assez ouverts pour donner à leurs 4 enfants (2 garçons, 2 filles),  une formation de musiciens et musiciennes professionnels. Tous firent une carrière musicale de haut niveau,  les garçons comme organistes, Anne comme chanteuse à la cour de Melle de Guise - pour respecter les interdits, on disait «  femme des chambre et fille de la musique »-, Elisabeth comme compositrice.

 

Une compositrice au talent novateur qui dépassa les clivages de son époque*

          Elisabeth Jacquet, épouse de la Guerre, fut soutenue par le roi Louis XIV. Le Mercure Galant – revue française de 1672 à 1965 – affirme que  sa « réputation s’est répandue jusque dans les Pays étrangers, où son nom est fort connu »*. Elle fit partie des novateurs, et dépassa les clivages de son époque entre les tenants de Lully, hostiles à la musique italienne,  et les progressistes,  ouverts à la musique italienne, au côté desquels Elisabeth Jacquet de la Guerre prôna la « réunion des goûts ». » Lully lui-même lui écrivit publiquement son admiration :

L’entreprise, il est vrai, n’eut jamais de pareille,

C’est ce qu’en vostre sexe aucun siècle n’a veu,

Et puis qu’il devoit naistre une telle Merveille,

Au règne de LOUIS ce Prodige étoit deu.*

          Lully oublie les compositrices des époques précédentes, et n’oublie pas de flatter le roi, le compliment n’en est pas moins remarquable.

 

Une œuvre foisonnante longtemps perdue, désormais retrouvée

          Mia Mandineau, de la chaine Youtube L'Opéra et ses zouz, et l’ensemble de musique baroque Le Concert de l'Hostel Dieu présentent avec humour Élisabeth Jacquet de la Guerre dans le cadre du projet Baroque au féminin mené par Le Concert de l'Hostel Dieu en 2019 et 2020**. 

          L’œuvre d’Elisabeth Jacquet de la Guerre est particulièrement riche et variée. Musique religieuse et profanes, cantates, sonates, tragédie lyrique Céphale et Procris ***. Citons aussi les 5 cantates Esther, Jacob et Rachel, Suzanne, Judith, Jephté, reprises par Isabelle Poulenard et Sophie Boulin, sopranos, Arion, 1986…

Suzanne Bourdet  Michel Faye

 

* Les citations que nous utilisons proviennent du livre de Danièle Roster, Les femmes et la création musicale, les compositrices européennes du Moyen-Age au milieu du XXème siècle, éditions L’Harmattan, 2017.

**   https://www.youtube.com/watch?v=EF5dKP2bY9M

*** https://www.francemusique.fr/emissions/musicopolis/1694-elisabeth-jacquet-de-la-guerre-compose-cephale-et-procris-66847

Images : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lisabeth_Jacquet_de_La_Guerre#/media/Fichier:Elisabeth_Jacquet_de_La_Guerre-full.jpg Et La Mort de Procris (détail), par Piero di Cosimo, v. 1486-1510 / Musicopolis (DP)

 

Ajouter un commentaire