La France bonnet d’âne en mathématiques ?
Pourquoi et comment évoluent les évaluations des systèmes éducatifs ?
1957 : les Soviétiques ayant réussi à lancer le premier satellite, Spoutnik. Les Américains veulent savoir si leur système éducatif est fautif, en évaluant le niveau de leurs élèves en sciences et mathématiques.
L'OCDE ((Organisation de Coopération et de Développement Economiques) part de l’idée que le développement des économies des pays dépend largement de la qualité de leurs systèmes éducatifs et que le citoyen doit savoir mobilier ses connaissances scolaires pour résoudre les problèmes qu’il peut rencontrer dans « la vie réelle ». Depuis les années 60, les programmes d’évaluation des résultats scolaires, se succèdent et évoluent au fil des évolutions sociétales, politiques et économiques.
Dans les années 2000, deux programmes mondiaux d’évaluation des résultats scolaires publient régulièrement leurs résultats* :
- Depuis 2000, tous les 3 ans, le programme PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), s’applique aux élèves de seconde*.
- Depuis 1995, tous les quatre ans, le programme TIMSS ** (Trends in International Mathematics and Science Study), s’applique aux élèves de CM1 et de 4e en mathématiques et en sciences, et dont il se dit qu’il est plus indépendant que le programme PISA.
Les résultats des CM1 et des Quatrièmes TIMSS 2023 viennent de paraître
Le TIMSS 2023 constate qu'en France, en CM1 comme en 4ème, en 2023 comme en 2019, les résultats en mathématiques restent faibles par rapport à l'international. Les résultats des jeunes Français sont sous la moyenne européenne, avec même une hausse des inégalités entre filles et garçons***. Les diagrammes**** ci-dessous résume les résultats :
Flèches vertes : en progrès, Flèches rouges :en déclin
En CM1 la France est dernière des pays de l' Union européenne pour le niveau en mathématiques .Ce niveau est même en déclin
Flèches vertes: en progrès, Flèches rouges: en déclin
En 4ème La France se retrouve à l'avant dernière place des pays de l' Union Européenne, le niveau moyen en mathématiques étant en déclin
En France, diminution des horaires d’enseignement, diminution des formations d’enseignants, recrutements à bac +5 qui attirent plus les bacs+5 littéraires que les bacs +5 scientifiques, ces derniers trouvant de bien meilleurs salaires dans les entreprises. De manière générale, trop de politiques récentes méconnaissent l’importance de l’éducation, les yeux fixés sur la « Bourse » plutôt que sur les faiblesses de notre système éducatif.
Du côté des professeurs et des élèves
Le Blues des enseignants de mathématiques français
L’enquête TIMSS 2023 ** collecte également des données auprès des enseignants de mathématiques des élèves évalués : ancienneté, formation, pratiques pédagogiques, ressenti de leur métier. 35 % des élèves en France ont un enseignant se déclarant satisfait de leur métier, contre 45% en moyenne à l’international (Pays de l’OCDE et de l’UE). Avec l’Irlande et le Japon, la France fait partie des trois pays où le taux de satisfaction du métier d’enseignant est le plus faible.
Quelques témoignages de jeunes Fontenaisiens*****
Louise, élève de 2nde aujourd’hui : Au collège, perdue pendant et après le Covid, j’ai tourné à 3/20 de moyenne en maths. Jusqu’à ce que je rencontre, en fin de 3ème, une association qui m’a aidée pour trouver une seconde où j’ai retrouvé le goût des maths. J’ai les « compliments », j’approche de la moyenne en maths, je vais continuer à me battre pour y arriver.
Gabriel, élève de 1ère cette année : J’avais été orienté vers un établissement du département, mais très éloigné de Fontenay, transports en commun compliqués, grande fatigue, perte de moral, catastrophes scolaires. Je croyais mon avenir fermé. Un prof bénévole m’a aidé à trouver pour cette année un établissement proche de Fontenay, trajets plus courts, moins de galères de transports, plus de sommeil, je suis désormais au taquet dans presque toutes les matières, notamment en maths.
Bon, que s’est-il passé? Des bénévoles associatifs, le plus souvent retraités (ces retraités qui coûtent si chers!) ont eu et pris le temps de réparer ces jeunes. Et si l’Etat payait mieux les enseignants d’une part ? Et si l’Etat, d’autre part, donnait des moyens en locaux, en dotations horaires, en matériel, en formation, aux enseignants qui le souhaitent, aux établissements scolaires qui connaissent chacun leur terrain ? Un « investissement » rentable, eh oui ! Et si les collectivités locales participaient à cet élan dans les temps périscolaires ? Et si l’on tenait compte, dans cette volonté de réussite éducative, des IPS (Indice de Position Sociale) des différents établissements ?
Suzanne Bourdet Michel Faye
* http://www.pourfontenay.fr/blog/ecoles-inegalites-educatives-faire-la-so...
Et https://archives-statistiques-depp.education.gouv.fr/doc/SYRACUSE/55893
*** http://www.pourfontenay.fr/blog/reforme-blanquer-chute-criante-des-filie...
**** https://www.aa.com.tr/fr/monde/le-niveau-en-math%C3%A9matiques-des-%C3%A...
***** Les prénoms ont été changés. Lire aussi: http://www.pourfontenay.fr/blog/colleges-et-lycee-entre-sequelles-des-an...
Image de titre: d'après un azulejos (carrelage prtugais) de la Villa Fronteira, Lisbonne, Portugal
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