JO 2024 - Dix femmes à l’honneur / Chapitre 3 – Paulette Nardal, un salon littéraire à Clamart
Paulette Nardal, aux avant-postes des "fiertés des femmes noires"
Née en Martinique, d’un père ingénieur et d’une mère institutrice, Paulette Nardal (1896-1985) fut d’abord institutrice avant de quitter la Martinique en 1924 pour la Métropole, où elle (en Anglais) et sa sœur Jane (en Littérature) furent les premières étudiantes noires inscrites à la Sorbonne. Paulette et Jeanne seront bientôt rejointes par leur plus jeune sœur Andrée.
Paulette y soutint une thèse sur l’autrice abolitionniste américaine Harriet Beecher Stowe , qui avait publié La case de l'oncle Tom en 1852.
Les sœurs Nardal sont des femmes inspirantes de Martinique, au côté de Suzanne Lacascade, autrice de Claire-Solange, âme africaine , 1925, prix Montyon de l'Académie Française ; et de Suzanne Césaire, l’épouse d’Aimé Césaire. Malgré les préjugés sexistes et racistes de l’époque, elles ont œuvré à l’affirmation de la femme et de la culture noires, en métropole, à la Martinique , et au-delà.
Le salon littéraire des soeurs Nardal à Clamart*
Paulette Nardal tint un salon littéraire dans l'appartement qu'elle partageait avec 2 de ses soeurs au 7 rue Hébert à Clamart. Elle y mettait en relation les multiples diasporas noires. Elle y reçut ses cadets Aimé Césaire, martiniquais comme elle (1913-1978), Léopold Senghor, sénégalais (1906-2001), Léon Damas, guyanais ( 1912-1978) et bien d’autres.
On y réfléchissait sur les problèmes coloniaux et interraciaux, sur la place croissante prise par les hommes et les femmes de couleur dans la vie française.
On y abordait la question de l’émancipation des femmes et les bases de la théorie de la Négritude, mouvement politique et littéraire militant pour la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture (Aimé Césaire).
En 2019, la ville de Clamart vote le choix de son nom pour une future voie de la ville, c’est l’Allée Paulette Nardal du quartier neuf de Clamart qui jouxte le stade du Panorama de Fontenay.
Paulette Nardal, Journalisme et Négritude **
Devenue journaliste, Paulette Nardal fonda, en 1931, avec les écrivains haïtien Léo Sajous et guyanais René Maran La Revue du Monde Noir, qui fût éditée en français et anglais. Objectif Créer entre les Noirs du monde entier, sans distinction de nationalité, un lien intellectuel et moral qui leur permette de mieux se connaître, de s’aimer fraternellement, de défendre plus efficacement leurs intérêts collectifs et d’illustrer leur race .
Elle prit une part active à la création et au développement du mouvement de la « Négritude ». Elle sera occultée par la notoriété des fondateurs masculins (Aimé Césaire et Léopold Senghor) de ce mouvement politique et littéraire. Avec un regard aigu sur le sexisme qu’elle eut à subir : Les femmes avaient ressenti bien avant les hommes la nécessité d’une solidarité raciale. J’ai souvent pensé et dit à propos des débuts de la Négritude que nous n’étions que de malheureuses femmes, ma sœur et moi, et que c’est pour cela qu’on n’a jamais parlé de nous, alors que c’étaient des femmes qui avaient trouvé cela… c’était minimisé du fait que c’étaient des femmes qui en parlaient. J’ai mis du temps à m’en rendre compte, on était en pleine action ; alors on n’allait pas plus loin. (Grollemund, 2019, p. 96).
Suzanne Bourdet Michel Faye
** Video https://www.arte.tv/fr/videos/090626-025-A/cherchez-la-femme/
Image de titre : Les femmes inspirantes de la Martinique ; Suzanne Lacascade, autrice de Claire-Solange, âme africaine , 1925, prix Montyon de l'Académie française ; les sœurs Nardal, ; Suzanne Césaire, l’épouse d’Aimé Césaire.
Images de texte
- Photo de groupe : A gauche, Paulette Nardal et ses soeurs au 7 rue Hébert à Clamart, circa 1931, autour de Léopold Sédar Senghor. • ©Cybèles and Co
- A lire : Fiertés de femme noire, entretiens /mémoires de Paulette Nardal, recueillis par Philippe Grollemund, éditions L’Harmattan
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