4-14 octobre 2024 : Fête de la Science, l’énigme « des » étoiles polaires

Dans le cadre de l'Année de la Mer, l'édition 2024 de la fête de la Science fête les océans, à la croisée des sciences (physique, chimie, biologie, économie, histoire, archéologie, ...) et des cultures. Jusqu’aux étoiles.

L’étoile polaire, indicatrice de notre pôle Nord et amie des navigateurs

Longtemps, les navigateurs de l’hémisphère Nord ont eu pour point de repère, le pôle Nord, grâce à une étoile dite étoile polaire (Polaris pour les astronomes), tout au bout de la queue de la Petite Ourse (Ursa Minor pour les astronomes, et aussi, selon les pays, Petit Chariot, Petite Cuillère, Petite Casserole…) .

L’axe qui va du pôle Sud au pôle Nord est l’axe autour duquel la Terre tourne sur elle-même, nous offrant l’alternance du jour et de la nuit. La nuit, au fur et à mesure que la Terre tourne autour de son axe Sud-Nord, on peut suivre dans la nuit la ronde des étoiles autour de l’étoile polaire

Seul l’imaginaire des peuples a pu entrevoir le ventre et la queue d’une ourse dans les 7 étoiles visibles à l’œil nu qui dessinent une casserole et son manche. Avec donc l’étoile polaire au bout du manche. On voit aussi la Grande Ourse, « mère » de la Petite Ourse.

Vous pouvez télécharger le planétarium virtuel Stellarium (gratuit) pour découvrir le ciel autour de l’étoile polaire, aujourd’hui ou à d'autres dates de votre choix, autant de calculs d’astronomie vous offrant des millénaires de « danse des étoiles »; vous pourrez aussi découvrir l'étoile"mystère" de cet article, Kochab , la deuxième plus brillante (après Polaris) de la Petite Ourse.

Kochab, étoile "mystère" de la Petite Ourse, est un « cold case » de navigation

Polaris, pôle Nord, on est tous d’accord ? Sauf que l’étoile bêta de la Petite Ourse, celle qui brille le plus après l’étoile Polaire, s’appelle Kochab, ce qui, dans un arabe ancien, peut se traduire par « l’étoile du Nord ».

Hé hé, 2 pôles Nord ? Sauf que le nom Kochab est plus ancien que le nom étoile polaire. Qu’à cela ne tienne, les calculateurs du logiciel Stellarium savent « remonter » le temps. Reculons de 5000 ans environ, c’est-à-dire passons d’aujourd’hui à - 3000. Stellarium nous permet de voir qu' il y a 5000 ans, Kochab était bien plus proche du pôle Nord que notre actuelle Polaris (notre étoile polaire).

Donc, il y a 5000 ans, c'est Kochab qui semblait quasi immobile dans le ciel, constituant ainsi le repère "pôle Nord" pour les premiers navigateurs (Phéniciens, Grecs, Egyptiens) qui s’aventurèrent en Mer Méditerranée et en Mer Rouge.

Quelques milliers d’années plus tard, les grands navigateurs de la Renaissance (Dias,Christophe Colomb, Vasco de Gama, Magellan, Drake), eux, ont eu Polaris pour pôle Nord. L’axe de la Terre avait tourné !

D’où provient ce changement ?

Dans l’antiquité, ces changements ont amené les penseurs (dont le grec Hipparque) à comprendre que la Terre tourne sur elle-même comme une toupie. Son axe Sud-Nord décrit lui-même un cercle, cela en 27 000 ans.

C’est ce qu’on appelle la précession; les astronomes disent même précession des équinoxes, en référence aux points de repère que sont les équinoxes de printemps et d’automne , mais ça, c’est une autre histoire encore.

La constellation de la Petite Ourse et ses deux indicatrices de Pôle Nord, l'étoile polaire actuelle d'une part, et Kochab il y a 5000 ans, et d'autres étoiles au fil des millénaires (Thuban, étoile de la Constellation du Dragon dans 3000 ans, Véga dans 14 000 ans ...), forment donc un formidable exemple qui relie les étoiles et les navigateurs, et qui s’enrichit de la diversité des peuples et des cultures.

Bonne fête de la science, du ciel et des océans

Suzanne Bourdet Michel Faye

Références : www.sciencesbourdetfaye.fr