Photographie, mémoire, histoire, éducation, quels enjeux ?
Rosângela Rennó, artiste exploratrice d’histoire (s)
Cet été, on a pu et on peut encore découvrir à l’occasion des rencontres de la photographie d’Arles (3 juillet-24 septembre 2023), le travail de l’artiste brésilienne Rosângela Rennó, qui a reçu le prix Women in Motion (Femmes en Mouvement).* Ce prix est financé par le groupe français Kering, spécialisé dans l’industrie du luxe (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga…).
Rosângela Rennó utilise et met en scène des images déjà existantes, qu’il s’agisse de gens des favelas, de prisons politiques brésiliennes, de femmes portant le même prénom Rosângela qu’elle. L'artiste offre au public sa vision d’exploratrice d’histoire (s).
Les dictatures, elles, réécrivent l’histoire à leur profit. C'est le cas en Russie actuellement. Ce fut le cas pendant les années de dictature qu’a connues Rosângela Rennó dans son pays, le Brésil. Oui, "une population sans mémoire est plus facile à contrôler. Une population sans éducation, encore plus »** Rosângela Rennó.
Par son travail, Rosângela Rennó s’emploie à redonner vie aux pans d’histoire occultés ou transformés, pour redonner la mémoire à chacun, à partir de sources diverses, images d’archives, albums de famille …
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Les programmes d’histoire en France (et ailleurs), un enjeu politique
A l’heure où la rentrée scolaire approche, penchons-nous sur les programmes scolaires d’histoire enseignés à nos enfants et à nos jeunes, aux pans omis dans les programmes ou dans certaines classes.
En France, depuis quelques années, les programmes d’histoire sont très souvent remaniés. Le débat est vif entre les tenants d’une histoire "identitaire" visant à construire l’attachement de l’élève à son pays, et ceux d’une histoire "scientifique", dont la fonction première serait plutôt d’offrir à l’élève une grille de lecture critique du monde contemporain***.
De plus en plus de voix s’élèvent pour redonner dans ces programmes une juste place aux femmes, aux minorités, et aux faits plutôt qu’aux seuls rois et châteaux. Il s’agit bien d’enjeux politiques.
Le devoir de mémoire, un soutien indispensable à l’éducation des enfants , des jeunes et des moins jeunes
Dans un blog précédent****, nous avons évoqué le carré militaire à l’abandon dans le cimetière de la ville. L'image nous le montre.
Ce carré que la ville n’entretient qu’à l’occasion du 11 novembre, peu d’habitants le voient, peu d’habitants le savent.
De même, combien d’habitants connaissent-ils vraiment le monument aux morts situé sur la place De Gaulle ? Combien d’habitants connaissent-ils les rues portant des noms de résistants ? Combien d’habitants ont-ils une vision historique des immigrations vers la France, ou des migrations de Français vers l’extérieur au cours des siècles ?
Plus ancien encore, aux racines de notre histoire, combien d’habitants savent-ils que les 12 œufs des boites ( qui deviennent de plus en plus 10 pour des raisons commerciales) viennent de l’observation des 12 mois lunaires (environ) d’une année, observés et comptés il y a quelques milliers d’années par les bergers de Mésopotamie ( actuels Irak et Iran).
Oui, mémoire, histoire et éducation nous construisent. La rentrée scolaire qui approche est l’occasion d’en parler et d'y réfléchir. Et saluons les photographes fontenaisiens d'aujourd'hui, dont le travail participe à cet effort de mémoire.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.liberation.fr/culture/photographie/arles-rosangela-renno-la-memoire-qui-flashe-20230707_4YN2ZX73IVDKTGWJO3R7DCGR4Y/ ** https://lesglorieuses.fr/rosangela-renno/ *** https://www.vie-publique.fr/eclairage/269234-programmes-scolaires-dhistoire-un-enjeu-politique **** http://www.pourfontenay.fr/blog/le-carre-militaire-du-cimetiere-de-fontenay-laisse-labandon Photo de titre : Rosângela Rennó par Gabriela Massote dans https://www.liberation.fr/culture/photographie/arles-rosangela-renno-la-memoire-qui-flashe-20230707_4YN2ZX73IVDKTGWJO3R7DCGR4Y/ Photo du carré militaire de Fontenay dans http://www.pourfontenay.fr/blog/le-carre-militaire-du-cimetiere-de-fontenay-laisse-labandon
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