Hugo Duminil-Copin, copain des mathématiques / Pour quoi faire ?
Médaille Fields française en 2022
5 juillet 2022, quatre mathématiciens ont reçu la prestigieuse médaille Fields, récompense équivalent au Prix Nobel pour les autres matières. Un autre Français, Cédric Villani, avait reçu la médaille Fields en 2010. Cette distinction porte le nom d’un mathématicien canadien qui proposa la création de cette médaille il y a presque 100 ans (en 1923) et légua ses biens pour participer au financement de la médaille.
Ont été distingués l’Ukrainienne Maryna Viazovska (deuxième femme à recevoir cette médaille), le Français Hugo Duminil-Copin, le chercheur coréen basé aux Etats-Unis June Huh et le Britannique James Maynard.
Hugo Duminil-Copin est le 13e Français à obtenir l'équivalent d'un "prix Nobel des Mathématiques". Né à Chatenay-Malabry, c’est un ancien élève du lycée Louis-Le-Grand et de l’Ecole Normale Supérieure.
Ce scientifique, âgé de 37 ans, a confié* son envie de "mettre en valeur au maximum les mathématiques". À l'image de son prédécesseur Cédric Villani, il veut combattre les préjugés sur les maths.
Où en est le niveau moyen de maths en France ** ?
En 1995, 15 % des élèves français testés atteignaient le niveau avancé en mathématiques contre 1 % en 2015. En 1995, 64 % des élèves français atteignaient au moins le niveau élevé, contre 11 % en 2015. Et seuls 43 % des élèves français de terminale S atteignaient le niveau intermédiaire en 2015.
Ces dernières années, l'impéritie stratégique en la matière a été telle qu'en l'espace de 3 ans, le nombre d'élèves suivant entre 3 heures et 6 heures de cours de mathématiques hebdomadaires a chuté de 336.000 à 205.000, alors que dans le même temps le nombre de ceux qui en avaient au moins 8 heures restait peu ou prou stable. Ce sont principalement des filles qui ont abandonné les mathématiques…
Au fait, à quoi sert l’éducation mathématique, et plus largement scientifique ?
On parle volontiers des mathématiques comme des savoirs fondamentaux, encore faudrait-il se mettre d’accord sur les contenus et les objectifs. Mesurer l’intérêt du raisonnement logique, et du calcul d’ordres de grandeur dans tous les domaines ; demandez à un patron de PME, à un plombier, à un auteur, pour leurs recettes comme pour leurs dépenses, et à n’importe quel citoyen pour une aide à l’isolation thermique ou pour son budget transport…
Evidemment, on peut survivre sans mathématiques, mais on vit mieux si on évalue de façon logique les situations à affronter. Pour cela, formons d’abord des enseignants, pour enseigner non pas seulement du calcul, mais du raisonnement. Ce faisant, on ne compte pas seulement les bulletins de votes. On se met en capacité de créer un projet collectif raisonné.
Quel enseignement mathématique, pour quelle société ?
Le gouvernement re-propose des maths en première, sous forme facultative. Ainsi, la face est sauve : on peut lire maths dans les options de première ; mais on n’inscrit pas ces maths dans un cursus raisonné, peu de chance donc de motiver beaucoup d’élèves On ne sélectionne plus par les maths, le choix des maths sera le choix de quelques « happy fews » (sélection sociale ?).
Ça ne perturbera pas trop les effets de com, com-munication, com-merce, con-sommation. Les citoyens ne critiqueront guère les budgets publics, ils demanderont juste des aides, c’est bien plus facile de satisfaire des clients que de faire réfléchir des citoyens.
On manquera d’ingénieurs, on mettra des cabinets conseils sur-payés pour des résultats souvent médiocres… D’ici là, le réchauffement climatique nous aura dépassés.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.francetvinfo.fr/sciences/pour-hugo-duminil-copin-laureat-de-...
Image : Hugo Duminil-Copin, https://www.lepoint.fr/sciences-nature/medaille-fields-quatre-mathematiciens-distingues-a-helsinki-05-07-2022-2482125_1924.php
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