Les arbres sont bonnes poires, ils ne manifestent pas quand on les coupe

          Inconscience des hommes : on coupe beaucoup de grands arbres pour surdensifier ou minéraliser. Ensuite, on plante un tout petit peu, pour la photo. Si l’autruche met la tête dans le sable pour chercher les œufs qu’elle y a déposés, l’humain met la tête sous l’oreiller pour ne pas voir le réchauffement climatique.

          Le gouvernement veut revégétaliser les villes. Toute collectivité qui plantera des arbres ou végétalisera des façades recevra une subvention de l’état. Sauf que l’histoire ne prend pas en compte les arbres abattus juste avant. Donc un maire dit « bâtisseur » abat 30 grands arbres et en replante 10 nettement moins grands, et moins feuillus. Ce maire abat des marronniers (arbres trop « prolos ») pour mettre des poiriers.

          Sauf que les poiriers, même adultes, sont nettement plus petits que des marronniers adultes, le feuillage d’un poirier, même adulte, est bien plus modeste que celui d’un marronnier. L’état « bonne poire » ferme les yeux sur les 30 arbres coupés et rouvre les yeux pour subventionner les 10 petits nouveaux ?

C’est pas nouveau

          On connait ce genre d’histoires à Fontenay, que ce soit sur un côté de la Place de Gaulle, avenue Lombart, aux Potiers, aux Sorrières, bientôt aux Blagis et ailleurs. L’histoire se répand : à Meaux, le maire veut abattre 12 marronniers. Malades, dit le maire. Un rapport sanitaire dit le contraire*. Peu importe. On a déjà entendu ça à Fontenay .

Platanes, grands marronniers et petits poiriers solidaires

          Une association loi 1901 , le GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) alerte ; Thomas Brail** arboriste-grimpeur, fondateur et porte-parole du GNSA,   a mené une grève de la faim de 6 jours début juin 2022, perché dans le platane centenaire à côté de la tour Eiffel, pour demander une loi sur l’encadrement des coupes rases et la révision de l’article L350-3 du Code de l’environnement, censé protéger les arbres d’alignement. La mairie de Paris abandonne son projet d’abattre de grands arbres autour de la Tour Eiffel, des ministres promettent une rencontre, cela reste loin des enjeux climatiques.

          L’enjeu, au fait, c’est quoi ? « Les arbres produisent de l’évapotranspiration pour se rafraîchir. Plus il a de feuilles, plus un arbre est capable de rafraîchir l’air. Notre intérêt est de les préserver, sans les élaguer à l’excès***». En plus, les arbres absorbent du CO2 et rejettent de l’oxygène. Bonus gagnant ! Cela mérite bien que nous en soyons solidaires.

Suzanne Bourdet    Michel Faye

* Le  Canard Enchaîné, Des villes plus vertes à coups de tronçonneuse, 29 juin 2022

** https://gnsafrance.org/greve-de-la-faim-de-thomas-brail/

*** Marc Sandreau chercheur à l’INRAE, et cité par le Canard enchaîné du 29 juin 2022

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