Un mur entre Paris et une banlieue, règle-t-on les problèmes de drogue avec des murs?
Un mur entre Paris et la banlieue ?
La Métropole du Grand Paris (MGP),intercommunalité à l’échelle de l'Ile-de-France, regroupe la ville de Paris et 130 communes, comprenant l'intégralité des communes des départements de la petite-couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) ainsi que sept communes de la grande couronne (six de l'Essonne et une du Val d'Oise).
Vendredi 24 septembre 2021, face aux problèmes créés par les consommateurs de crack dans Paris, les toxicomanes du jardin d'Eole, haut lieu de consommation de crack à Paris , ont été évacués et transportés en car vers la banlieue proche, à la lisière d'Aubervilliers et Pantin, sur instruction du ministre de l'Intérieur. Un mur* a été élevé pour bloquer le passage des consommateurs de crack entre Paris et la banlieue.
On déplace les toxicomanes, mais s'attaque-t-on aux fournisseurs de drogue ?
A-t-on résolu le problème des toxicomanes consommateurs de crack ?
A la fin du 20ème siècle, il avait fallu l’émergence du sida **pour que soient traitées les dépendances à l’héroïne, et aux seringues sources de transmission du sida.
Aujourd’hui, il n’existe pas de médicament de sevrage pour les consommateurs de crack. Mais il existe des soins addictologiques et psychiatriques***. Sauf qu’il est plus facile d’écrire un plan, le Plan crack ****, que de le mettre en place. D’autant que l’épidémie de Covid a freiné la mise en route de ce Plan crack. D’autant que la déjà-campagne pour les prochaines élections présidentielles se situe plus dans les images (un mur ?) que dans les actes peu « vendeurs » de traitement de l’addiction .
On exacerbe les fractures franciliennes
Le mur exacerbe la fracture Paris-banlieue, exacerbe les discussions sur les plateaux de télévision, et ne résout ni l’addictologie des toxicomanes, ni les problèmes de sécurité qui vont avec. Le mur peut être contourné, les fournisseurs de crack continuent leur trafic.
Le mur ternit l’image du millefeuilles administratif francilien, communes, territoires, départements, métropole, région, gouvernement ; on voit ici comment la multiplication des « feuilles » , qui facilite peut-être certains « grands » projets, est peu efficace, par sa lourdeur, quand il s’agit de résoudre un problème qui, au jour le jour, pèse sur les habitants, que l’on parle des toxicomanes, ou des personnes sous les fenêtres desquelles on « parque » ces toxicomanes.
On va avancer, lentement sans doute, vers des solutions, mais quelle nouvelle addiction se révèlera-t-elle ensuite ?
Les moyens et les manques à Fontenay-aux-Roses
Ces derniers temps, Fontenay a eu, sur fond de trafics de drogue, ses règlements de compte entre bandes rivales. Cela doit nous rappeler que, dans nos quartiers eux-mêmes à Fontenay, l’éducation, la prévention et un travail social de proximité sont indispensables, non pas quand l’addiction est terriblement visible, mais pour éviter à nos jeunes de tomber dans la drogue ou dans les trafics.
Le maire de la ville a des leviers : activités périscolaires, club pré-ados, maison de quartier, et peut aussi s'appuyer sur l'Association Jeunes dans la Cité , qui dépend du département. Mais ces structures tournent à petit régime, alors que le maire a grand ouvert la porte à une association privée en périscolaire, créant une fracture de plus entre périscolaire privé coûteux et structures publiques gérées a minima. Là encore, le maire exacerbe les fractures au lieu de les réduire. Est-ce une bonne façon de gérer la Ville ?
Suzanne Bourdet Michel Faye
**https://www.doctissimo.fr/sante/news/sida-grandes-dates
**** https://www.paris.fr/pages/lutte-contre-le-crack-un-plan-d-actions-2019-2021-6843
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