Quand le maire veut imposer le port de l’uniforme aux élèves de l’école élémentaire du Parc à la rentrée de septembre 2024 /2
Uniforme ou « tenue unique », les faits, les dates.
16 janvier 2024 : lors de sa conférence de presse le Président de la République confirme le lancement de l’expérimentation de l’uniforme, appelé aussi « tenue unique », à l’école. Est-ce ainsi que l’on va lutter efficacement contre la chute du niveau des élèves français en mathématiques et en lettres par rapport à leurs camarades des pays européens comme la montré le classement PISA* ?
30 janvier 2024 : dans son éditorial publié dans le Fontenay Mag de février 2024, revue municipale distribuée à partir du 30 janvier, le maire indique que son « équipe a fait le choix de candidater pour l’expérimentation de la tenue unique dans une de nos écoles auprès de l’Education Nationale. [ ] Il espère que Fontenay-aux-Roses sera retenue parmi les 100 premières villes à mettre en place cette nouveauté à la rentrée prochaine. »
Dans cette même revue municipale il n’indique pas quelle école est concernée, aucun conseil d’école n’ayant demandé de participer à cette proposition d’imposer l’uniforme aux élèves.
6 février 2024 : le maire, au conseil d’école de l’école élémentaire du Parc indique aux enseignants et aux délégués parents qu’il a choisi cette école de 14 classes pour imposer le port de l’uniforme aux élèves. Sur quels critères ?
Cette annonce surprend les enseignants et les parents : une large majorité des membres du conseil d’école n’accepte pas cette décision du maire. Or le port de l’uniforme doit être voté et accepté par le conseil d’école pour pouvoir être mis en application.
Seules deux villes des Hauts-de-Seine se sont portées candidates pour imposer l’uniforme dans une de leurs écoles : Fontenay-aux-Roses et Puteaux.
12 mars 2024 : Une réunion d’information est organisée, en présence du maire au sein de l’école du Parc.
Un questionnaire réalisé avant cette réunion par les associations de parents d’élèves montre que sur les 376 enfants concernés (325 de l’école élémentaire du Parc et les 51 en grande section de l’école maternelle Jean Macé) soit 376 votants possible 143 (38%) sont pour, les autres sont, soit contre (80), soit sans opinion (30), soit n’ont pas répondu (123).
Lors de cette réunion de multiples questions et avis tantôt pour, tantôt contre, ont été émis.
25 mars 2024 : Un conseil d'école extraordinaire aura lieu pour décider ou non de l’imposition de l’uniforme aux écoliers de l’école élémentaire du Parc à la rentrée de septembre 2024.
Dès que la décision sera connue elle sera donnée sur ce blog.
En quoi consiste le kit Uniforme ?
D’après les informations données, cinq polos, deux pulls et deux pantalons devraient composer le « kit de base » d’une valeur de 200 euros dont le cout sera partagé par moitié entre l’Etat et la Ville. Imposer l'uniforme aux écoliers de l’école du Parc implique une dépense d’argent public de 70 000 euros par an dont la moitié, 35 000 euros par an, à la charge de la ville.
Exemple d'uniforme**
A priori pas de choix de jupe pour les filles et tenue unique que l’on soit en plein hiver ou en période de canicule. Est-ce bien judicieux ?
Ces tenues pourront être personnalisées par les villes (écusson), dont le cout sera entièrement à la charge de la Ville. Ce kit devrait être renouvelé chaque année.
Le port de l’uniforme est-il obligatoire ?
Que se passe-t-il si des parents refusent que leur enfant porte l’uniforme : quelles sanctions sont prévues ?
S’il y en a, elles devraient être indiquées dans le règlement intérieur de l’école
Ira-t-on jusqu’à interdire l’accès à l’école à un enfant qui ne porte pas l’uniforme, bien que l’école soit obligatoire ?
A cette dernière question, la directrice a indiqué que, l’école étant obligatoire, on ne peut pas refuser à l’école d’un enfant sans uniforme.
Questions-Réponses / Notre position
Qu’on l’appelle uniforme ou qu’on l’appelle « tenue unique », que cache la formule ? Le port imposé de l’uniforme est un choix « politique » plutôt qu’une réponse éducative.
- L’uniforme comme appartenance à une communauté ?
Faut-il favoriser le communautarisme ou l’ouverture au monde ? D’autant que les signes sociaux distinctifs sont dans les marques des sneakers, ou du cartable, ou des accessoires.
- L’uniforme comme un retour au « bon vieux temps » ?
En France, il n’y a jamais eu de port de l’uniforme dans les écoles publiques, uniquement le port de la blouse, utilisé pour protéger les vêtements, en particulier du temps de l’écriture avec la plume sergent-major pour éviter les taches d’encre.
- L’uniforme pour forcer les élèves à respecter l’institution ?
Le respect doit se gagner par l’éducation, pas par une stratégie de contrainte. Un poste de Communication Non Violente par exemple est plus utile qu’un uniforme.
- L’uniforme pour améliorer les résultats scolaires ?
Aucune étude scientifique ne montre que le port de l’uniforme améliore les résultats scolaires. Ce sont les conditions de travail, le nombre d’élèves par classe, la motivation des élèves, la qualité de la formation des enseignants, ce sont tous ces facteurs qui permettent aux élèves de progresser.
- L’uniforme payé est par l’argent public, c’est-à-dire par les impôts de chacun: L’école du Parc a été choisie par le maire pour le port de l’uniforme. Or, qui peut savoir mieux que les enseignants les besoins réels, en matériel, en rénovation des bâtiments, en eau chaude (coupée pendant près d’un an dans cette école) ? L’argent public serait beaucoup mieux utilisé pour améliorer les conditions de travail à l’école.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.pourfontenay.fr/blog/indicateur-de-position-sociale-ips-ecoles-publiques-ecoles-privees
** Source : Le Figaro
Ajouter un commentaire