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Premier mai 2024 : Collégiens, lycéens, étudiants, trop de jeunes sont « des travailleurs déjà en galère »*

         Le premier mai, son muguet et ses églantines, marquent un temps fort dans le monde du travail. On peut lire à ce sujet notre blog du 1er mai 2023.**

 

       En ce premier mai 2024, on peut constater aussi la présence dans les cortèges d’étudiants inquiets, « déjà en galère » pour de multiples raisons.  Les racines de ce malaise viennent de loin, ont été amplifiées pendant le Covid et sont exacerbées aujourd’hui par les inégalités qui se creusent,  au collège et au lycée, avant même que les jeunes soient étudiants.

 

Collégiens « en galère »:

          Les collégiens de 3ème arrivent au pied du mur ces jours-ci.  Il ya les bons lecteurs, à scolarité normale d’un côté, qui iront en lycée général ; et, de l’autre côté, ceux qui ont accumulés de retards dont ils prennent conscience parfois tardivement. Ceux qui vont avoir à comprendre les orientations en lycée technologique, ou lycée professionnel notamment. Ceux qui lisent peu, et ont du mal à comprendre un énoncé, ou à rédiger quelques lignes. Leurs difficultés remontent souvent au début de l’école élémentaire, quand ils ont « loupé » l’apprentissage de la lecture, la « vraie », c’est-à-dire la lecture où ce qu’on lit fait sens. Quand ils ont « loupé » les prémices du raisonnement mathématiques, ce qui les amène à tirer au jugé quand il s’agit de choisir entre une multiplication et une division.   Et donc en 3ème, les sujets des épreuves leurs font peur.

Quelles réponses ?

          Ceux qui ont la chance de trouver à temps un soutien scolaire adapté vont s’en sortir. Un soutien scolaire adapté ? Pas une classe de niveau discriminante comme proposée par l’Etat, mais un soutien individualisé faisant appel à des professionnels.

          De plus, l’Etat  demande aux établissements de créer des classes de niveau à moyens constants, c’est-à-dire en supprimant d’autres heures, lesquelles, sur quels critères ? Moins d’activités culturelles, moins de  travaux pratiques, moins disant encore ?

  Remontons dans le temps.

        Les enfants qui ne savent que mal lire au cours des années d’école souffrent. Qui va les aider à remonter la pente et comment ? Comment mobiliser aussi les acteurs locaux, notamment les acteurs du périscolaire dans les communes ? Sur quels critères, avec quelle formation, avec quelle rémunération ?

Remontons dans l’espace, c’est-à-dire dans la salle de classe.

        Comment gérer les enfants perturbateurs (et plus tard les collégiens perturbateurs) ? Coercition ou prévention ? Communication non violente et soutien psychologique, nous l’avons souvent écrit, ont fait leurs preuves. Donc, un budget initial pour la prévention, ou toujours plus de répression quand la soupape de sécurité saute ? Ou bien laisse-t-on les établissements publics se débrouiller avec les jeunes en difficultés, pendant que les établissements privés sélectionnent leurs élèves ?

 

Lycéens en galère, 2 exemples :

       - Lou s’est débrouillé à peu près seul pour donner ses choix d’orientation ; le voilà en lycée technologique, mais pas dans la filière qu’il souhaitait, et à l’autre bout du département ; le trajet est acceptable en voiture, sauf embouteillage, et devient rédhibitoire en transports en communs. Lou est en échec. Va-t-il réussir à faire valoir son cas et à trouver une solution ?

      - Aline est en bac pro commerce, elle a fait beaucoup de stages en magasins, elle a travaillé autant, et parfois mieux, qu’une vendeuse, sauf qu’Aline n’est pas rémunérée. Aubaine pour les magasins ?  L’Etat a promis 400 euros pour l’année, certains élèves ont reçu ces 400 euros, pas encore Aline. Où et comment Aline peut-elle poser des questions à ce sujet ?

Les réponses aux questions ? Cela dépend des familles. Inégalités, quand tu nous tiens !

       La majorité des jeunes s’en sort, mais c’est  pour ceux qui se sentent « déjà en galère » que les questions ont besoin de réponses précises, rapides et efficaces. Vive le 1er mai, pour que les jeunes ne soient plus « des travailleurs déjà en galère ».

 

Suzanne Bourdet    Michel Faye

 

*https://www.nicematin.com/greve-mouvements-sociaux/les-jeunes-sont-des-travailleurs-deja-en-galere-dans-le-cortege-du-1er-mai-a-nice-la-colere-est-aussi-etudiante-918604

**  http://www.pourfontenay.fr/blog/les-1er-mai-leglantine-et-le-muguet

Image : Ouest France, détail ,manifestation de lycéens en galère à Niort

 

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