Jean Giono, Nicolas Hulot, Amaury Lovins, dans quel monde voulons-nous vivre?
L'Homme qui plantait des arbres*
C’est le titre d’une nouvelle écrite en 1953 par l'écrivain français Jean Giono pour « faire aimer à planter des arbres », selon ses termes. Peut-être sous ces arbres-là trouverez-vous des œufs de Pâques, des poules et des lapins.
Manifeste écologique et humaniste, pionnier du développement durable, quand ces mots n’existaient même pas encore, éloge du travail des « petites mains », la nouvelle de Giono a fait l’objet de plusieurs adaptations vidéo, on en trouve plusieurs sur You Tube. Un film d’animation canadien réalisé en 1987 a fait l’objet de plus de 40 prix dans le monde.
Pendant les guerres qui ont traversé le 20ème siècle, le héros de Giono a imperturbablement continué à planter, et la vie est revenue, loin du Covid et de ses dégâts.
Comment passer de la parabole à la pratique d’après-Covid ? **
"Au fil des reportages, derrière la beauté du monde, j'ai vu une autre réalité, et, chemin faisant, à travers tous ces territoires sur lesquels les menaces convergeaient. J'ai compris que dans cette destruction des écosystèmes, l'homme était en train de compromettre son propre avenir. Alors j'ai pris la mesure de la catastrophe." Nicolas Hulot
« Défendre la nature, c’est défendre l’être humain, ce n’est pas un combat secondaire, optionnel, à remettre à plus tard, c’est un combat prioritaire car si la nature peut se passer de nous, nous ne pouvons nous passer d’elle, mais le temps presse ! »
Nicolas Hulot et Muriel Douru (autrice illustratrice) ont donc publié un essai graphique sans concession, qui va du réchauffement climatique à la disparition des espèces, de l'industrie de la viande à la maltraitance animale, de l'urbanisation massive à la surconsommation, de la destruction des écosystèmes à la crise du coronavirus, du lobby de la chasse à la démission de Nicolas Hulot en passant par son engagement pour l’écologie…
Gardez le moral, tendez l’oreille, vous entendrez la montée en puissance des énergies renouvelables derrière les thuriféraires du nucléaire
On vous dit qu’on a bien de la chance, en France, d’avoir du nucléaire, qui, pour certains, serait moins cher que les énergies vertes. Les mêmes oublient de comparer les coûts, en tenant compte du coût des matières premières, certaines recyclables, d’autres pas ; des risques, pensons à Fukushima par exemple ; les problèmes non résolus du démantèlement des centrales nucléaires ; sans oublier le problème, pas plus résolu, des déchets du nucléaire. ***
Par exemple, l'EPR de Flamanville, annoncé au départ (en 2006) à 3,3 milliards d'euros, est chiffré aujourd'hui à 19,1 milliards d'euros****. Le Concorde version énergie ?
Sans parler des combustibles nucléaires payés à un prix anormalement bas à des pays pauvres, dont on profite donc au détriment de leur population (une certaine France-Afrique).
Autour de nous, l’Allemagne et l’Espagne ont atteint 46% d’énergies renouvelables, le Portugal 70%, le Danemark 79%, l’Ecosse 90%. « L’électricité solaire au Portugal coûte 1 à 2 centimes le kWh, contre 13 à 14 centimes pour le nouveau nucléaire français » Amaury Lovins, physicien, lauréat du prix Nobel Alternatif en 1983. Il est à l'origine du concept de négawatt, concept qui valorise les économies d’énergies.
L’éolien marin, un cas d’école démocratique, écologique, économique*****
Beaucoup de pays se tournent vers l’éolien marin, qui peut devenir un levier de planification écologique, démocratique, économique. Trois débats publics****** ont eu lieu sur le sujet en 2020 en France : Normandie, Dunkerque, Bretagne-Sud. D’autres seront lancés en 2021. Le partage de l’espace marin suppose une concertation approfondie entre les opérateurs de l’éolien marin, les pêcheurs, les marins et les transports maritimes, les acteurs de la protection du milieu marin. Le Programme Pluriannuel de l’Energie (PPE) français prévoit 40 % d’énergies renouvelables en 2030, dont 25% d’éolien marin. On est toujours à la traîne par rapport aux pays cités ci-dessus, mais, comme le dit Giono dans sa parabole, le travail, la conviction et l’opiniâtreté sont la grande qualité des visionnaires, vers nos futurs.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* L’homme qui plantait des arbres, par Jean Giono. Collection Blanche, Gallimard 1996 ; et formats Poche et livre audio : https://www.youtube.com/watch?v=n5RmEWp-Lsk, avec la voix de Philippe Noiret
** Les petits pas ne suffisent pas, de Nicolas Hulot et Muriel Douru, éditions Rustica
*** https://www.wedemain.fr/dechiffrer/amory-lovins-poursuivre-le-nucleaire-est-une-folie/
***** We demain, revue. N° 32 novembre 2020 (emplois verts) et N° 33 février 2021 (énergies vertes)
****** https://www.debatpublic.fr/eolien-mer-eclairage-trois-debats-publics-cours
Ajouter un commentaire