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A Fontenay, temps scolaire avec professeurs des écoles ou avec personnel périscolaire pour les élèves en difficulté ?

Une déclaration surprenante lors du Conseil d’école de l ’école Jean-Macé du 7 juin 2022.

Dans le paragraphe « Partenariat avec la municipalité » le compte-rendu* de ce conseil d’école rapporte la déclaration suivante faite par l’adjoint aux écoles (sic) :

                « La Mairie est en train de répondre à un appel à manifestation d’intérêt** dans le cadre du plan d’investissement d’avenir qui est porté par le ministère de l’éducation nationale, l’Europe et par la caisse des dépôts.

                Dans ce programme école et innovations, un certain nombre de propositions sont faites, la mairie postule pour pouvoir obtenir les moyens et les financements nécessaires à la réalisation.

                Une des choses que la mairie souhaiterait mettre en place, c’est l’accompagnement renforcé pour des élèves en difficulté avec un dédoublement de classe.

               On pourrait par exemple prendre la moitié de la classe et la mettre dans des activités encadrées par du personnel périscolaire formé pendant que l’autre moitié serait prise en charge par l’enseignant. La semaine suivante, on intervertit les groupes ». L’enjeu : « des centaines de milliers d’euros d’aide pour avoir de tels dispositifs ».

Nos observations: 

             Il est précisé par l'Etat  qu'il n'est pas question de toucher à la pratique pédagogique elle-même ou de refondre les programmes.

            Ce projet**doit associer a minima deux personnes morales sur la commune et inclure au moins une école ou un établissement scolaire. Ces deux personnes morales et l'école choisie restent à ce jour inconnues.

          La mairie reconnait que cela déroge complètement au fonctionnement de l’éducation nationale…mais le propose quand même. L’appât des subventions l’emporte-t-il sur toute autre considération ?

     

Les conséquences d’une telle proposition : personnel périscolaire à la place des enseignants.

Actuellement :

     Jusqu’à maintenant, à Fontenay, comme partout en France :

          - le temps scolaire est pris en charge par les enseignants. Pour les écoles maternelles et élémentaires ce sont des professeurs des écoles recrutés au niveau Bac + 5. Les professeurs des écoles sont des fonctionnaires qui dépendent de l’Etat, formés et payés par l’Etat. L’école est obligatoire de 3 ans à 16 ans et gratuite dans les écoles publiques.

     Les enseignants peuvent être aidés par du personnel municipal par exemple les ATSEM en maternelle.

          - le temps périscolaire - garderie du matin, pause méridienne, garderie du soir, accueil de loisirs - est pris en charge par du personnel périscolaire qui dépend de la mairie. Il n’est pas nécessaire d’avoir le Baccalauréat pour ces activités. Les activités périscolaires sont payantes avec des tarifs prenant en compte le quotient familial.

Jusqu’à maintenant, à Fontenay, comme partout en France, le personnel périscolaire n’a jamais remplacé les enseignants pendant le temps scolaire.

     En France chaque fois que l’on dédouble des classes, par exemple pour un accompagnement renforcé des élèves en difficulté, pour chacune des deux classes à faible effectif créées, c’est un enseignant qui l’a en charge. Les élèves ont donc tous 24h de classe avec un enseignant par classe, même par classe à faible effectif.

Demain avec la proposition de la municipalité :

     Les enfants en difficulté auraient, pendant le temps scolaire, classe avec un professeur des écoles une semaine sur deux, l’autre semaine ils seraient encadrés uniquement par du personnel périscolaire, comme pour les accueils des loisirs et la pause méridienne : des économies pour l’Etat qui aurait moins de professeurs des écoles à recruter et à payer, et des subventions pour la ville, mais est-ce dans l’intérêt des enfants ? Ces élèves en difficulté auraient 12h d’enseignement avec des professeurs des écoles quand les autres enfants en auraient 24h! 

    Accompagnement « renforcé » (terme employé par le maire-adjoint aux écoles), ou enseignement au rabais en remplaçant les professeurs des écoles par du personnel périscolaire?

De plus si ce système est adopté pour des enfants en difficulté avec effectifs réduits, il ouvre la porte à des extensions à toutes les classes: si cela est accepté avec des enfants en difficulté, pourquoi ne pas l'étendre, quand, par exemple, le gouvernement expliquera qu'il n'a pas assez recruté et formé de professeurs des écoles…

Avec cette proposition on aurait donc :

       -  Une école publique gratuite avec un enseignement fait par personnels moins qualifiés et peu (ou pas) formés pour ce métier

       -  En parallèle un enseignement privé payant, confessionnel ou pas, pour celles et ceux qui auront les moyens financiers d’offrir un enseignement de qualité en attirant du personnel qualifié, par des conditions de travail, de salaire et d’environnement plus avantageuses (comme l’école privée choisie pour ses enfants par le ministre actuel de l’Education Nationale « afin qu’ils puissent étudier en toute sérénité » (sic)). ***

Pour résumer,  la mairie souhaite appliquer à l’école le système libéral américain. L’école publique, creuset de la République, serait abandonnée.

 

Que faire ?

Il faut que cette proposition de la mairie soit rendue publique, ce que fait le blog pourfontenay.fr ;

et qu’elle soit largement débattue :

          - par les parents d’élèves, par exemple lors des prochaines élections de parents d’élèves en souhaitant que les différentes associations de parents d’élèves prennent position sur cette proposition

          -  par les enseignants, premiers compétents pour donner un avis pédagogique

          - par les élus : un débat sur cette proposition serait le bienvenu au Conseil municipal

 c'est-à-dire par toutes celles et tous ceux qui sont concernés par l’école

 

Nous savions déjà que le maire et la municipalité actuelle se désintéressent de la petite enfance : il suffit de constater les fermetures de crèches, les engagements non tenus, le refus de continuer à accueillir une association d’assistantes maternelles dans une salle municipale…

Avec cette proposition, le maire et la municipalité montrent aussi leur peu d’intérêt pour la réussite scolaire des écoliers de l’école publique. Décidemment les enfants ne sont pas au cœur des dispositifs de la Ville.

 

Myriam Montlouis, présidente de l’association de parents d’élèves Nous, Parents d’élèves

Suzanne Bourdet, maire-adjointe aux écoles et au périscolaire de 2014 à début 2018

Michel Faye, président d’une association de parents d’élèves pendant la scolarité de ses enfants  

 

 *http://www.pourfontenay.fr/sites/default/files/dossiers/25_compte_rendu_...

** https://www.banquedesterritoires.fr/un-appel-manifestation-dinteret-pour...

*** https://rmc.bfmtv.com/actualites/societe/education/pap-ndiaye-ministre-d...

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