8 mars - Des femmes autrices: Les sœurs Brontë
19ème siècle dans l’Angleterre victorienne
Une bourgade modeste, son pasteur, ses landes sauvages ; la dureté de la vie, ses petits bonheurs ; du temps pour rêver, des livres à lire ou à écrire. Les 3 sœurs Brontë (Anne, Emily et Charlotte) et leur frère Branwell sont les enfants du pasteur. Les livres écrits par les 3 sœurs ont eu un grand succès populaire, notamment Jane Eyre, par Charlotte ; Les Hauts de Hurlevent, par Emily ; Agnès Grey, par Anne. Des succès qui durent encore. De nombreuses adaptations théâtrales et cinématographiques ont popularisé les œuvres des trois sœurs Brontë, avec des héroïnes comme Jane Eyre, qui préfigure les combats féministes.
Ni femmes du monde, ni femmes objets ; 100% autrices
Les trois sœurs ont suivi leur passion d’écrire, malgré les clichés misogynes de leur époque. Ces clichés persistent encore trop souvent, même si les images en ont changé. De nombreux lecteurs de littérature classique, notamment en France, y compris Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, ont considéré les trois sœurs avec condescendance.
« Mauvais genre » ? « Romans pour filles » ? Les sœurs Brontë sont beaucoup plus que la représentation posée qu’en donne leur frère dans le portrait qu’il a fait d’elles*. Beaucoup plus aussi que l’illustration plutôt mièvre que donne la couverture du magazine Lire (magazine littéraire) de ce mois-ci (mars 2023).
Les sœurs Brontë ont été inventrices de Jeux de Rôles. Elles ont été des autrices flamboyantes, d’abord sous pseudos masculins, Acton Bell pour Anne, Ellis Bell pour Emily, Currer Bell pour Charlotte**. Elles ont été des précurseures solidaires et sincères des littératures de l’imaginaire d’aujourd’hui.
Les enfants du pasteur Brontë ont inventé leurs « Jeux de Rôles »
Pour jouer, les enfants du pasteur Brontë avaient de petits personnages, figurines de soldats, offerts par leur père au garçon de la famille. « Branwell Brontë possédait une collection de figurines qui ferait la fierté de tout joueur ou joueuse de Warhammer Battle »*** (Jeu de batailles fantastiques dont la première édition date de 1983). Quatre soldats de la collection de Branwell devinrent Bonaparte, Gravey, Le Garçon de Salle et le Duc de Wellington, pour lesquels les quatre enfants inventèrent « la Confédération des Villes de Verre ». Branwell dessina une carte comme on en trouve souvent aujourd’hui dans les Jeux de Rôles ou dans les romans des littératures de l’Imaginaire.
Les quatre enfants inventèrent toutes sortes de personnages et de situations, avec des luttes entre royalistes et républicains, dans une saga débordante de créativité et de romanesque. C’est ainsi que les trois sœurs sont passées à l’écriture de romans.
« Mauvais genres », les écrits des sœurs Brontë ?
Mauvais genres, Jane Eyre, Les Hauts de Hurlevent, Agnès Gray ? Mauvais genres aujourd’hui, la science fiction, la fantasy, le fantastique, le polar ? Oui, quand on nomme ainsi, avec condescendance ou avec humour, des manières moins convenues d’interroger les réalités d’hier et d’aujourd’hui. Certains jeunes ont beaucoup de mal à lire autrement que par obligations scolaires, mais les romans des trois sœurs Brontë, eux, sont encore très populaires auprès de jeunes et de moins jeunes, qui les lisent par plaisir.
Parce que ces autrices-là ont eu l’inébranlable volonté et « la force d’exister », avec une grande modernité dans la construction de mondes imaginaires. Comme beaucoup d’autrices de « mauvais genres » aujourd’hui.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://soeursbronte.wordpress.com/portraits/
*** https://ptgptb.fr/les-soeurs-bronte-jouaient-au-jdr
Images :
- Le portrait des sœurs Brontë par leur frère est à la National Portrait Gallery à Londres
- Carte : https://ptgptb.fr/les-soeurs-bronte-jouaient-au-jdr
Lectures:
- Le n° de LIRE (magazine littéraire) de mars 2023, article : Trois sœurs puissantes.
- Le livre de Laura El Makki, biographie : Les sœurs Brontë. La force d’exister.
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