Des éoliennes innovantes à poser sur des toits d’immeubles ou « flottantes » au large en mer
Les éléments du débat
Il y a ceux qui habitent loin des éoliennes terrestres et aiment voir ces éoliennes, comme ils aiment voir les moulins à vent.
Il y a des promoteurs de l’éolien qui n’ont rien à envier aux zélateurs de la sur-densification.
Il y a ceux qui vivent de la pêche, et qui en baie de Saint-Brieuc par exemple, luttent contre l’invasion de leurs sites de pêche par des éoliennes .
Et il y a ceux qui cherchent des solutions intelligentes, respectueuses des habitants et acceptables pour tous.
Avec un ordre de grandeur en tête : Les Français ont consommé 473 TWh d’électricité en 2019 et 449 TWh en 2020 (consommation domestique + consommation industrielle).
Un térawatt.heure (TWh) = 1000 gigawatt.heure (GWh) = 1 million de mégawatt.heure (MWh) = 1 milliard de kilowatt.heure ( kWh).
Le vent, source d’énergie renouvelable et de questions qui fâchent*
Comment récolter cette énergie ? Combien faut-il d’éoliennes pour remplacer une centrale nucléaire ? A quel prix pour le consommateur ? A quel prix pour l’environnement ?
Les pro et les anti ont chacun leurs calculs, qui diffèrent bien sûr. Un document publié par l’Ademe en 2018**, estime que la meilleure équation économique en termes de coût pour le contribuable est atteinte à 85 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique en 2050. Et 95 % en 2060. Ce qui générera aussi un grand nombre d’emplois.
Et si on se mettait autour de la table pour réduire les nuisances, améliorer les performances, et s’apercevoir qu’il y a des solutions. Voici l’actualité de deux pistes.
Valoriser les toits plats des immeubles de nos villes***
Quoi, quoi, des éoliennes sur nos toits ? Oui, mais pas n’importe quelles éoliennes, et pas n’importe quels toits. La start-up Wind my Roof (du vent sur mon toit) installe des éoliennes compactes et horizontales sur des toits plats d’immeubles suffisamment élevés, combinées à des panneaux solaires, pour une production continue d’énergie. Eoliennes discrètes et silencieuses, assure l’entreprise.
Comme l’installation combine éolien et solaire, la production d’énergie est plus régulière, et peut répondre ainsi à la Règlementation Thermique 2020, qui impose à tout nouveau bâtiment d’être à énergie positive, c’est à dire de produire plus d’énergie qu’il n’en consomme.
Il s’agit donc d’une version décentralisée de la production d’énergie, par une start-up éco-responsable de proximité: plastique recyclé et recyclable, acier et un peu d’aluminium pour le châssis. Production de composants en partie en France, assemblage en Ile-de-France.
Selon l’Ademe, Agence de la transition écologique, « Côté émissions, une WindBox émet 25g de CO2 par kWh sur 20 ans. Contre 50g par kWh pour un panneau solaire » .
Sont en phase de test, deux installations sur le toit du Point Info de la Défense. Production attendue : 600 kwh par an, « de quoi alimenter 900 trottinettes électriques ».
A Fontenay, on refait le gymnase du Parc à grands frais, le coût prévu de 2,6 millions d’euros en 2016, et passé à 5,8 millions d’euros en 2018 et en 2021 le cout annoncé est de 7,6 millions euros ****
Rêvons un peu : toit plat, station test d’énergies renouvelables, station pédagogique ? Ce serait entrer dans le futur, mais notre municipalité préfère consommer comme au 20ème siècle, sans voir plus loin que le bout de son club-house favori.
Prendre le vent du large*****
En mer, le vent est plus soutenu et plus régulier que sur terre, mais l’installation, et surtout le raccordement, coûtent plus cher que pour l’éolien terrestre. On distingue l’éolien offshore traditionnel, dont les fondations sont enfoncées dans le fond marin, et l’éolien flottant, dont les fondations sont ancrées au moyen de câbles.
Pour une installation moins onéreuse et plus éloignée des côtes, l’éolien flottant se met petit à petit au point. Par rapport aux éoliennes offshore traditionnelles, l’installation de l’éolien flottant est simplifiée et les besoins en matériaux grandement diminués. Dans ce domaine, la France a un coup d’avance. Plusieurs PME françaises sont impliquées sur le sujet. Depuis 2018, un prototype d’éolienne flottante a été installé au large du Croisic, par la société Ideol. Elle a produit 6,8 GWh en 2020. Un parc éolien offshore flottant de 900 GWh (puissance moyenne 250 MW) en Bretagne Sud, entre Belle-Ile et Groix, vient de recevoir le feu vert de l’Etat******. Les débats restent vifs entre les « pour » et les « contre ».
Quelles conséquences pour la biodiversité marine ? Parce qu’interdits à la pêche, les parcs éoliens marins font le bonheur des poissons, crabes, moules et autres, au point que des parcs d’élevage y sont envisagés. Toute une gestion des ressources halieutiques à étudier en concertation avec les professionnels de la pêche et de l’aquaculture. Pour un futur intelligent équitable et écoresponsable. Et un partage de l’espace marin à réglementer.
Alors quand ? Et combien ?
Pour atteindre les objectifs climatiques de l’Union, 540 TWh (puissance moyenne 150 GW) soit plus que l’énergie électrique totale consommée par la France en 2020, des éoliennes flottantes pourraient être en service au large des côtes européennes d’ici 2050. Le challenge reste de concilier vie locale, impératifs de développement durable et réponses énergétiques. Un peu moins de profits, un peu plus de qualité de la vie ?
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.wedemain.fr/inventer/eoliennes-vrai-faux-10-questions-qui-fachent/
* https://www.wedemain.fr/dechiffrer/les-energies-renouvelables-sont-le-chantier-du-siecle/
*** https://www.wedemain.fr/respirer/des-eoliennes-discretes-et-silencieuses-a-poser-sur-les-toits/
**** délibérations du conseil municipal de juin 2018 et d’avril 2021
***** https://www.connaissancedesenergies.org/des-eoliennes-semi-flottantes-au-large-120207
****** https://www.revolution-energetique.com/decollage-de-leolien-flottant-son-potentiel-est-enorme/
Image Le module de toit conçu par la start-up Wind my Roof permet de combiner énergie éolienne et solaire. (Crédit : Wind my Roof)
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