Traitement(s) du coronavirus, à propos du paracétamol.
La pandémie a donné lieu à beaucoup de discussions mal argumentées, voire des polémiques contre-productives. Et le gouvernement s’est converti au nudge* (mot anglais qui signifie coup de coude), c’est-à-dire à l’utilisation des sciences comportementales pour inciter les Français à suivre les recommandations sanitaires. Discipline parfois récupérée par le marketing.
Je vous propose donc un exemple, à partir d’un fait tragique récent, afin que vous puissiez vous faire votre propre opinion ; n’hésitez pas à en parler avec votre médecin.
Le 20 mai 2021, un article de presse** titrait : « Le SAMU lui conseille de prendre du doliprane, elle meurt du Covid à seulement 19 ans. » Un drame humain qu’on aimerait ne jamais avoir entendu, ni lu… Comment faire pour en éviter d’autres ?
Un décret gouvernemental d’octobre 2020***, incite à l’utilisation du paracétamol (et du rivotril), dans la lutte contre le coronavirus. Ce décret mérite réflexion. Pour mémoire, le paracétamol, le doliprane, et le dafalgan désignent la même molécule (certains geeks de la série « Dr House » se souviennent peut-être de son appellation savante : l’acétaminophène).
Le paracétamol est un médicament en vente libre depuis plusieurs décennies, dont on oublie de rappeler la toxicité sur le foie.
En cas d’hépatite aigüe au paracétamol, il existe un antidote : la N-acetylcysteine par voie intraveineuse à très fortes doses, comme vous pouvez le voir dans la fiche synthétique de la SFMU**** (Société Française de Médecine d’Urgence). Il s’agit d’un expectorant bronchique que vous connaissez sans doute sous le nom de mucodrill, de mucomyst, ou de fluimucil. Si je vous en parle, c’est qu’il est en vente libre (tout comme le paracétamol). Connu depuis 1960, il est très bien toléré, et, au-delà de son rôle d’antidote du paracétamol, il pourrait en plus, avoir un bénéfice dans le traitement de l’infection par le coronavirus*****. Le recul qu’on a sur son utilisation, et ses caractéristiques anti-oxydantes et anti-inflammatoires en font un traitement sûr. Son action antivirale sur le virus Influenza H5N1 a été démontrée, ainsi que son action sur la diminution du taux de cytokines pro-inflammatoires (considérées comme responsables des formes graves de l’infection lors de la « tempête cytokinique »). J’ajoute qu’en cas de défaillance hépatique sous Remdesivir, le traitement par N-acetylcysteine serait également bénéfique******.
Il convient bien sûr de rappeler les précautions d’emploi, avec une mention particulière chez les femmes enceintes, et chez les personnes ayant un ulcère gastrique. Un conseil d’ami ne doit pas exclure une consultation de votre médecin. L’automédication a ses limites, les décrets gouvernementaux aussi : seules l’éducation, l’information, la réflexion et la lecture critique des sources permettent à chacun de faire la part des choses.
Tu mourras moins bête, dit le professeur Moustache dans une série d’animation, à l’humour scientifique extrêmement sérieux, sur Arte.
Laurent Marulaz
*** Article 51 du décret n° 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGIARTI000042477834/2020-10-30/#LEGIARTI000042477834
**** https://www.sfmu.org/toxin/PROTOCOL/PARACET/PARACET0.HTM
***** N-acetylcysteine to combat COVID-19 : An evidence review (Zhongcheng Shi, Carlos A Puyo)
****** Acetylcysteine for the treatment of suspected Remdesivir-associated acute liver failure in COVID-19 : a case series (Chancey Carothers, et al).
Image : https://www.youtube.com/watch?v=xPxwz7qwPSo&list=PLqmxFKoKtFvfwo5jTf8oa8NeJesJRbzB0
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