Des repas à un euro pour les étudiants

Aide aux repas, on ne peut qu’approuver, mais a-t-on utilisé les longs mois de fermeture des universités pour organiser les salles de cours de façon pérenne et pour ouvrir des perspectives ? Non, nos décideurs semblent découvrir aujourd’hui seulement les dépressions des étudiants, comme on découvre très lentement celle des nombreuses personnes dont les activités sont aujourd’hui interdites.

Des cantines surchargées dans les établissements scolaires, ou dans les entreprises, et même dans les hôpitaux.

Qu’a-t-on fait depuis un an ? Eludé, éludé… Ainsi, dans les écoles de la ville, des mesures d’extension, transitoires ou pérennes, sont possibles, encore faudrait-il que nos élus s’en préoccupent.

Exemple de mesures transitoires, pour les écoles de Fontenay: utiliser des locaux actuellement fermés, salles polyvalentes, gymnases, pour y installer des salles de repas, avec boites à repas*. Cela est possible notamment au Collège des Ormeaux, moyennant quelques personnes d’encadrement supplémentaires. On entend d’ici certains décideurs protester. Pas si fort, pas si fort, pensez plutôt que cela aiderait aussi des personnes en recherche de quelques heures de travail par semaine (jobs étudiants ou retours à l’emploi).  

Exemple de mesure pérenne, pour une école de Fontenay : agrandir la cantine de l’école du Parc, grâce à un espace vide entre la cantine actuelle et le bâtiment qui longe la rue du Parc (bâtiment où se trouve notamment des salles de l’Inspection de l’Education Nationale).  Cela serait utile à moyen terme, car cette école a des salles de classe disponibles pour recevoir plus d’élèves, mais que la cantine est déjà exigüe.

On parle des milliards dépensés face au Covid-19, et on ergote sur des sommes plus modestes, qui pourtant montreraient le chemin d’un développement durable.

Repas livrés à domicile, par des esclaves de nos « temps modernes » 

Pour le coup, on sait livrer à domicile des repas en barquette, pour qu’on puisse manger sans bouger de chez soi. Certes, les restaurants et autres lieux de convivialité sont classés « non-essentiels ».  Mais qui sont les forçats du vélo ou du scooter qui assurent la livraison des repas à domicile?

Chaque siècle a ses esclaves. Nous avons nos esclaves auto-entrepreneurs, au service de plates-formes auxquelles l’« optimisation fiscale » permet de s’exonérer d’impôts. En quelques années, Delivero (plateforme de livraison de repas) est passé d’un forfait de 7,50 € de l’heure (plus 2 à 4 € par livraison) à un système de seulement 2€ à la récupération de la commande, plus  1 € à la livraison et une variable d’ajustement distance-affluence-météo.  

Nous ne voyons guère nos esclaves, puisqu’ils roulent pour nous aux heures du couvre-feu.

Peut-on changer de modèle ? La preuve par Just Eat

Alors, on désespère ? Non, on mange Just Eat. Eh oui, cette société de livraison de repas aux particuliers a annoncé, et commencé, le recrutement, en CDI, de 4500 livreurs salariés, d’ici à fin 2021. Ce recrutement se veut respectueux du droit du travail**, avec notamment un taux horaire de 10,30 € (5 centimes de plus que le Smic horaire) et une gestion numérique comparable à celle qui a fait ses preuves pour les taxis.

«Just Eat se positionne en chevalier blanc », observe un des cofondateurs du Collectif des livreurs autonomes de Paris. Et le Syndicat national des transports légers se réjouit. Bonnes fées sur un berceau encore fragile. A suivre avec intérêt.

Suzanne Bourdet    Michel Faye

*http://www.pourfontenay.fr/blog/cantine-et-boite-repas-innover-pour-lutt...

**  https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/20/livraison-de-repas-aux-particuliers-just-eat-change-de-modele-et-passe-au-salariat_6070644_3234.html  Le Monde du 21-22 février 2021

Images : Espace sur lequel on pourrait agrandir la cantine de l’école du Parc /Un livreur Just Eat, à Nice, le 16 février 2021. Le Monde du 21-22 février 2021