Futur n° 1 : La Convention citoyenne pour le climat a proposé fin juin d’instaurer un moratoire sur la mise en place de la technologie 5G* le temps d’évaluer son impact sur la santé et le climat, le temps d’évaluer «les avantages et les inconvénients de la 5G par rapport à la fibre avant et non après avoir accordé les licences», et de préférer «la solution la moins impactante pour l’environnement». 

Futur n° 2 : Le Président de la République, lui,  défend aujourd’hui « le tournant de la 5G » face au « retour à la lampe à huile », en citant les Amish, faute d’argumentaire posé. « Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l’écologie contemporaine ». Mépris inapproprié.

Enjeux sanitaires

La Suisse se voulait pionnière des installations 5G, mais les habitants dénoncent des effets secondaires agissant sur leur santé. Berne vient de reporter indéfiniment ses directives en attendant de mieux mesurer les effets réels de la 5G, à la fois au niveau des antennes et des objets connectés.**

Consommer plus  de données, c’est aussi consommer plus d’énergie

La 5G transportera plus de données, plus rapidement. Cette nouvelle technologie pourrait réduire la consommation d’énergie si c’était pour le niveau actuel de consommation de données. Consommer mieux ?

Mais la 5G permettra par exemple de télécharger des films en quelques secondes,  elle va ainsi créer sa propre demande et provoquer une augmentation des données consommées. Donc une augmentation globale de la consommation d’énergie. Consommer plus ?

 «La 5G permet, lorsque l’on transporte des données, de le faire avec moins d’énergie. En revanche, elle augmente considérablement les débits et permet donc un usage beaucoup plus important … ce qui est beaucoup plus consommateur d’énergie. (Olivier Roussat, président de Bouygues Télécom) **.

La 5G, c’est aussi changer d’équipements

Aujourd’hui déjà, selon l’ADEME,  Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, ou Agence de la transition écologique, 47% des gaz à effet de serre générés par le numérique sont dus aux équipements des consommateurs.

La 5G va provoquer la mise au rebut de milliers d’appareils devenus obsolètes**. Quels recyclages, quelles dépenses et pollutions induites ? De nouveaux appareils vont être construits, souvent produits en Chine, avec de l’énergie provenant de centrales thermiques à charbon.  Avec quel rebond d’exploitation des ressources naturelles, de matières premières rares ? Quelles pollutions ? Quelles empreintes carbone ? Quelles dépenses énergétiques ?

Enjeux de souveraineté

Utiliser des antennes de l’équipementier chinois Huawei augmente les risques d’espionnage par des entreprises étrangères. Utiliser des appareils majoritairement produits en Chine, c’est créer des dépendances commerciales qui peuvent poser problème, on l’a vu pour les masques et le matériel Covid.

 « Consommer mieux », ou « Consommer plus, et plus mal » ? On retrouve les ingrédients d’avant-Covid, facilité d’une nouvelle technologie pour les consommateurs, enjeux sanitaires, économiques, politiques et géopolitiques, facture écologique alourdie pour la planète. Ce n’est ni chez les Amish, ni au 18ème siècle, mais c’est bien chez nous, aujourd’hui.  

Suzanne Bourdet   Michel Faye

* Photo: Le groupe chinois Huawei est très investi dans la 5G. — Nicolas Asfouri / AFP

** Documents récents :

 https://www.rts.ch/dossiers/observatoire-de-la-5g/10718129-5g-et-sante-quels-sont-les-dangers.html

 https://www.liberation.fr/france/2020/07/13/chez-les-elus-et-detracteurs-l-art-moratoire_1794171

 https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/15/cedric-o-la-france-doit-accelerer-sur-la-5g_6052244_3234.html