Les mulots de la fable
Sur la claustra d’une maison familiale pleine de bonhomie, la vigne sauvage exubérante accueille quelques amis ailés de Jean de la Fontaine, un couple de merles, un couple de pigeons ramiers, un couple de pies, une tourterelle, qui dégustent, dans un ordre protocolaire immuable, et raisonnable, les premiers grains arrivés à maturité. Ah mais voici 4 grives. C’est le signal, les raisins sont mûrs, elles ne viennent jamais trop tôt. Et qui voilà, en trouble-fête brouillon ce soir ? un groupe de mulots qui se goinfrent sans vergogne avec une inconscience touchante. On les voit. Panique, cris. Les mulots détalent, le plus maladroit tombe au milieu de l’assemblée familiale. Il n’y a plus qu’une solution pour éloigner les mulots : vendanger les raisins, et planter d’urgence des végétaux forts en parfums amis des humains, répulsifs des mulots. Trois jours acharnés de mise en confitures – délicieuses – pour l’hiver. On est fourmi plutôt que cigale. Nouveaux jasmins étoilés, pour remplacer le vénérable que l’hiver dernier a réussi à geler, menthes poivrées. Les mulots ont compris, on ne les voit plus.
Les hommes sont-ils plus fols que les mulots ? Covid 19 et réchauffement climatique menacent. Quelques vaillants jardiniers font face de leur mieux. D’autres, insatiables et inconscients, cultivent le retour à l’ancien monde. Profitons de l’énergie de la rentrée pour faire entendre, dans la vie locale, notre envie d’un monde plus équitable et plus raisonnable.
Suzanne Bourdet Michel Faye
photo fandeloup-Centerblog
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