Une épi-démie, mot de racines grecques très ancienne, ça tombe sur (épi-) le peuple (démos). La peste noire au 14 ème siècle a fait des millions de victimes et inventé la notion de quarantaine. La grippe espagnole en 1918-1919 a fait des dizaines de millions de victimes, dans un contexte d’après-guerre particulièrement difficile.  Plus près de nous, le VIH a infecté environ 75 millions de personnes, en a tué 32 millions. Les peurs ancestrales, les débordements de mots, voire de stigmatisations, ont marqué ces épidémies. Depuis, SRAS, Ebola, MERS, ont montré chaque fois le lien entre santé humaine, santé animale et santé environnementale.

L’initiative One Health (« une seule santé ») est un mouvement créé au début de  notre 21ème siècle, pour étudier la santé humaine, animale et environnementale aux échelles locales, nationales et planétaire. Elle vise à mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique. Elle s’appuie notamment sur l'ONU, via l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO), et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Certaines maladies ont été détectées et étudiées chez l’animal bien avant d’être reconnues chez l'homme : chez les animaux, le stress biologique entraîne de salutaires réactions « combat-fuite », mais on sait aussi que le stress en élevage ou dans la faune sauvage peut entraîner (entre autres) des insuffisances cardiaques ; les expressions populaires « Tu me fends le cœur, tu me brises le cœur » ont une réalité biologique chez l’homme. Nous allons devoir affronter les conséquences du stress dû au confinement que nous subissons, avec les fractures sociales et économiques qui se creusent.  

Un ancien monde qui se voulait nouveau monde a failli. Retomberons-nous dans ces errances une fois la pandémie surmontée ? Réussirons-nous une transition écologique et solidaire durable ?  Ou assisterons-nous à la fois à un rebond de la pandémie, et à un rebond des gaz à effet de serre (actuellement considérablement réduits dans nos villes) lors de la reprise des activités ?

Suzanne BOURDET, Michel FAYE, Laurent MARULAZ

Presse Santé 19 avril 2020  https://www.pressesante.com/peste-noire-grippe-espagnole-sida-sras-quell...