Dé-confinement, dans le jardin du bien et du mal
En 2017, on a demandé aux adultes (parents, enseignants, élus) s’ils souhaitaient un retour à la semaine de 4 jours. Posée ainsi, la réponse fut largement pour la semaine de 4 jours.
Aurait-on permis l’expression d’un autre point de vue, il aurait été bon d’expliquer, surtout aux familles les plus modestes, l’importance de 5 matinées d’enseignements fondamentaux par semaine, comme cela se fait dans toute l’Europe, les positions auraient été plus nuancées, on aurait au moins posé la question des inégalités scolaires et éducatives, et réfléchi à des mercredis plus ambitieux en périscolaire. Par exemple créer, pour les enfants, un pass Culture, Sciences, Sports développant l’accès à des activités structurantes le mercredi…
En 2020, on demande aux adultes si le confinement doit être maintenu, toute activité scolaire, touristique, culturelle mise en stand-by jusqu’au 1er septembre. On insiste sur les risques de rebond, on oublie les risques liés au confinement. Certains, même jeunes et bien portants, n’osent plus sortir de chez eux. On oublie les violences intra-familiales, on oublie les risques à la fois physiques et psychologiques, on oublie que l’être humain a besoin d’exercice physique, et pas seulement de quelques gestes répétitifs confinés. On oublie que la malbouffe et la sédentarité sont des facteurs de risque pour la santé. « Aujourd’hui, j’ai fait des beignets au Nutella, et j’ai joué à des jeux vidéos », il ne faut pas en abuser, même des meilleurs, cela vaut à la fois pour les beignets et pour les écrans !
Devons-nous tous vivre comme Robinson Crusoé, chacun seul sur une île déserte, certains ayant des îles luxueuses et d’autres des îles battues par les vents ? Infantiliser ou responsabiliser ? Il y a un risque Covid, il y a d’autres risques, il s’agit donc de construire un équilibre, gestes barrière à maîtriser, reprise progressive des activités, comme cela se fait dans toute l’Europe.
On va devoir dé-confiner donc, pour répondre aux besoins fondamentaux de chacun d’entre nous. Non pas « métro, boulot, dodo »,mais éducation, santé, questions environnementales et aussi transports, emploi, logement. On devra ouvrir nos yeux sur notre mode de vie, et aussi sur notre ville, remettre en cause la mondialisation débridée, et poser des questions dans notre ville même. :
- Pourquoi le maire signe-t-il, le 11 mars, l’achat d’une statue pour plus de 100 000 euros?Dépense urgente ?
- Pourquoi la Ville nous donne-t-elle des informations triées, et des réponses au compte-goutte, sans expression de l’opposition ? Démocratie locale ?
- Pourquoi en est-on encore seulement aux promesses de masques pour la population ? A une vitesse d’escargot ?
- On parle des laboratoires P4 et P3 de Wuhan, mais on se tait sur le laboratoire P3 du CEA au Panorama. A quand, à Fontenay, une CLI, Commission Locale d’Information sur les risques biologiques, sur le modèle qui existe pour les risques nucléaires?
- Pourquoi, à Fontenay, plusieurs restaurants de junk food (dont les clients sont surtout masculins)mais aucun bar à salade (dont les clients sont plutôt des clientes) ? Même commentaire que, plus haut, pour les beignets et les écrans.
- Comment fluidifier les transports en commun et éviter qu’ils soient bondés ? Vaste question, d’autant plus urgente !
- Comment lutter à la fois contre un rebond, éventuel, de la pandémie, et aussi contre le rebond, certain, des gaz à effet de serre et des particules fines ?
Actuellement à Fontenay, la pollution de l’air est nettement réduite, ceux qui ont des difficultés respiratoires au quotidien s’en sont rendu compte.
Un « petit » virus a confiné la moitié de l’humanité et arrêté l’économie mondialisée. Certains demandent déjà de remettre à plus tard les questions environnementales. Robinson Crusoé aurait-il dû rester sur son île déserte ?
Un ancien monde qui se voulait nouveau monde a failli. Retomberons-nous dans ces errances une fois la pandémie surmontée ?
Réussirons-nous une transition écologique et solidaire durable ? Nous devons tirer les leçons de l’histoire pour réussir le dé-confinement, et pour faire face aux prochains défis.
Suzanne BOURDET
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