Glyphosate et Union Européenne : il devait sortir par la porte en 2023, il revient par la fenêtre
Les élections européennes approchent, et revoilà le glyphosate qui frappe à la fenêtre de l’Europe.
En 2017, l’Union Européenne avait accordé un sursis de 5 ans au glyphosate, herbicide particulièrement controversé*****. Puis l’UE avait prolongé jusqu’à la mi-décembre 2023. Or, aujourd’hui, le voilà en passe d’obtenir 10 ans de plus.
Au moment même où, pour la première fois, une étude montre le lien entre exposition au glyphosate et lésions neuronales, non pas seulement chez les usagers du produit, mais sur un échantillon de 600 personnes pris dans la population générale, car la population générale est exposée au glyphosate par le biais de l’alimentation*.
Les chercheurs d’aujourd’hui confirment et précisent les dangers du glyphosate.
Il y a 10 ans déjà, les plans de contrôle européens sur les résidus de pesticides dans les aliments ont conduit à trouver du glyphosate dans des échantillons d’urines, dans des échantillons de céréales, de légumineuses ou de graines oléagineuses. Le glyphosate et son principal métabolite, l’AMPA, sont ainsi les principaux pesticides retrouvés dans les cours d’eau en métropole en 2013**.
En 2023, vient d’être publié le travail très approfondi de chercheurs qui ont fait deux analyses simultanées : Niveau de glyphosate dans les urines d’une part ; et d’autre part, taux sanguin de NfL ( Neurofilaments à chaîne Légère), marqueur des lésions neuronales que l’on observe dans la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la maladie de Charcot(une forme de sclérose en plaques). La corrélation entre les résultats des deux analyses est reconnue par les chercheurs spécialistes des NfL*.
Aujourd’hui, 70% des Français, et 62 % des Européens de l’UE souhaitent une interdiction du glyphosate.
La façon scandaleuse dont les agences règlementaires européennes ignorent certains effets importants ou des pans entiers de la littérature scientifique leur permet de prétendre aujourd’hui que le glyphosate serait sans danger pour la santé ou l’environnement » s’indigne François Veillerette, porte-parole de Générations Futures***.
Le débat citoyen sera d’autant plus solide et constructif que l’éducation scientifique sera élevée dans notre société. Sinon, on s’oriente vers des problèmes de santé publique analogues à ceux que les Antilles connaissent depuis la pollution extrême des terres par la chlordécone utilisée dans les bananeraies jusqu’au début des années 2000****.
Le glyphosate à neuf mois des élections européennes 2024.
Les 27 membres de l’Union Européenne se prononceront le 13 octobre 2023, la majorité « qualifiée » nécessitant 15 pays membres (sur 27) et représentant plus de 65% de la population européenne. Ensuite, l’affaire pourra être portée en comité d’appel, et enfin devant la commission européenne.
A l’heure où les maladies neuro-dégénératives sont un vrai souci de santé publique, le travail des chercheurs que nous venons de décrire mérite toute notre attention.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* Le Monde du 22 septembre 2023 L’UE divisée sur la réautorisation du glyphosate
ET Le glyphosate lié à une élévation des marqueurs de dégâts neurologiques
** https://www.generations-futures.fr/actualites/glyphosate-1/
*** https://www.generations-futures.fr/actualites/glyphosate-inserm-agence/
***** http://www.pourfontenay.fr/blog/mauvaises-herbes-ou-round
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D’après https://www.generations-futures.fr/actualites/glyphosate-1/
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