Non, nous n’allons pas vous faire un tour des châteaux de France, mais peut-être un tour de châteaux de sable avec créneaux et assauts de la marée montante, où chaque enfant devient un chevalier ou une chevaleresse ; la chevaleresse, c’est le nom, longtemps oublié, des femmes combattantes du Moyen-Age.

         Chevalière désigne la femme du chevalier, chevaleresse désigne une femme-chevalier au sens médiéval ; l’épouse du chevalier peut être à la fois chevalière et chevaleresse.

          Tout ça pour vous dire qu’on revisite désormais le Moyen-Age pour le dépoussiérer de multiples scories accumulées au fil de ré-écritures de l’histoire, et notamment pour sortir de l’oubli celles qui furent de glorieuses chevaleresses.*

Chevaleresses, une chevalerie au féminin**

          Combattantes, cavalières, cheffes de guerre, nobles du Moyen Âge, les chevaleresses ont tellement été écartées de l’histoire que même leur nom a été abandonné, à l’exception de celui de Jeanne d’Arc. Voici comment les chevaleresses sont passées de la gloire à l’oubli*.

Dans les couples médiévaux, mari et femme étaient particulièrement solidaires pour défendre biens et personnes contre les multiples ennemis.

              Les chevaleresses ont existé en Europe tout au long du Moyen Âge, mais c’est surtout dans l'empire Plantagenêt que cette fonction était répandue. Grâce aux écrits du moine et historien Orderic Vital, on connaît les exploits de plusieurs d'entre elles, comme Isabel de Conches qui a mené des armées féodales contre les seigneurs voisins et qui est décrite comme "aussi brave que plusieurs Amazones" par le moine…

              En France, tout s'arrête avec Louis XIV. Il a vraiment mis fin à ça, sans doute en lien avec les souvenirs de sa jeunesse : la fronde et les frondeuses. Tout ça est passé sous silence, de façon très brutale. Cela concerne également les représentations de femmes chevaleresses. On en trouve beaucoup encore au XVe - XVIe siècles, ça disparaît progressivement et à partir de Louis XIV, c’est terminé, on ne voit plus ces représentations de guerrières. Quand il y en a, autour des précieuses, de l’école de mademoiselle de Scudéry, etc., on les tourne en dérision**.

             Le livre de Cassane-Brouquet**, spécialiste d’histoire médiévale, réveille les textes médiévaux, jusque dans des sources arabes parlant de chevaleresses pugnaces lors des croisades.  

Aliénor d’Aquitaine, deux fois reine, femme de pouvoir, lettrée et mécène .

          Aliénor d’Aquitaine est la petite-fille de Guillaume le Troubadour, le plus ancien poète de langue d’Oc. Princesse d'Aquitaine, épouse du roi de France Louis VII, puis du roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, mère de huit enfants, 5 garçons, 5 filles, dont le roi-chevalier Richard-Coeur-de-Lion, Aliénor eut une vie longue et bien remplie, aussi bien sur le plan politique que sur le plan intellectuel.

         Ouverte au monde par son éducation, elle découvrit et apprécia la civilisation qu’elle découvrit en Orient lorsqu’elle accompagna Louis VIl lors de la deuxième croisade. Elle remplaça son fils Richard pour la direction du royaume d’Angleterre lorsque Richard partit pour la troisième croisade.  Une femme au cœur de lionne, comme son fils Richard.

         Elle protégea artistes et troubadours. Sur l’étymologie mal connue de son prénom, elle pourrait être un mélange d’Eliennen gaélique, étincelle et Nour arabe , lumière . Lumière du nord et lumière du Sud.

A lire longuement dans le livre de Philippe Delorme***, ou à découvrir avec les enfants**** dans la série Quelle  histoire.

Suzanne Bourdet    Michel Faye

* https://www.radiofrance.fr/franceculture/les-chevaleresses-de-la-gloire-a-l-oubli-7564627 (et image de titre)

** Chevaleresses, une chevalerie au féminin, de Sophie Cassane-Brouquet, collection  Pour l’histoire, éditions Perrin

*** Aliénor d’Aquitaine, de Philippe Delorme, collection Texto, éditions Taillandier

**** Aliénor d’Aquitaine, série Quelle histoire , éditions Unique Héritage