Depuis quelques jours, les pénuries de carburants* (essence et diesel) ont un très fort impact sur les déplacements et sur l’activité de nombreux secteurs économiques : queues interminables aux rares stations-services approvisionnées, augmentation des incivilités, voire des violences, retards dans de nombreuses livraisons. Notre modèle économique et social rend 80% des Français dépendants de leur voiture, et ferme les yeux sur les difficultés que cela entraîne. Cette crise montre l’inadaptation et la fragilité de ce modèle économique et social.

          Il faut commencer à penser à l’après-voitures-thermiques (arrêt de fabrication des moteurs thermiques prévu en 2035, c’est-à-dire dans 13 ans) ; il ne pourra pas y avoir autant de voitures à moteurs électriques demain que de voitures thermiques aujourd’hui (manque de certaines matières premières en quantité suffisante, sans compter les problèmes de pollution engendrés par cette filière : extraction des minerais, fabrication et recyclage des batteries par exemple)

          Il faut donc en particulier dans les villes développer à la fois les circulations douces ( larges trottoirs en bon état pour les piétons, pistes cyclables sécurisées pour les vélos)  ce qui n’est pas à l’ordre du jour à Fontenay, et les transports en commun bus, tramways, RER, trains, ce qui n’est pas réellement à l’ordre du jour ni de l’Etat qui subventionne beaucoup plus les carburants fossiles que l’amélioration et le développement des transports en commun , ni de la région Ile de France qui envisage d’augmenter la carte Navigo, malgré une forte dégradation des transports en commun ; moins de trains,  moins de rames de métro, et moins de bus , des attentes de plus d’une heure entre 2 bus d’une même ligne deviennent de plus en plus fréquentes à Fontenay !

          Tant que la voiture sera de fait le moyen de déplacement privilégié par la Ville, la Région et l’Etat, la transition écologique nécessaire sans dégradation de la qualité de vie restera limitée à de belles paroles. On tarde, on tarde toujours plus à mettre réellement en œuvre des mobilités écoresponsables, du télétravail quand c’est possible et un aménagement du territoire qui rapproche les habitants de leur lieu de travail. Plus on tarde, plus le coût, à la fois financier et social, de la nécessaire transition écologique sera élevé et risquera de déstabiliser fortement notre société.

          Les pouvoirs publics locaux, régionaux et nationaux sauront ils tirer les leçons des embouteillages de ces jours-ci aux abords des pompes à essence ? Par exemple la région Ile de France devrait s’inspirer de l’agglomération de Montpellier, 400 000 habitants, qui a décidé la gratuité de tous les transports en commun qu’elle gère, 7 jours sur 7, 24h sur 24, toute l’année et cela pour tous les habitants de l’agglomération, quel que soit leur âge, cela dès fin 2023. *

Suzanne Bourdet    Michel Faye

* La station d’essence ESSO de Fontenay, située sur l’avenue Dolivet, a déjà fermé plusieurs jours partiellement voire totalement (photo prise dimanche 10 octobre 2022)