Sûreté nucléaire ? A 7 voix près, l’Assemblée Nationale vient de voter la fusion ASN-IRSN
En France, jusqu’à aujourd’hui, la sécurité nucléaire était assurée par deux organismes dont les sièges sont situés à Fontenay :
L’Autorité de Sûreté Nucléaire : ASN
C’est une autorité administrative qui assure, au nom de l’Etat, les missions de contrôle de la sureté nucléaire, de la radioprotection - travailleurs du nucléaire, environnement, populations locales- et de l'information des citoyens « pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires »
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire : IRSN
Le champ de compétences de l'IRSN couvre l'ensemble des risques liés aux rayonnements ionisants, utilisés dans l'industrie ou la médecine, ou encore les rayonnements naturels.
L'IRSN exerce ses activités d'expertise et de recherche dans les domaines ci-après :
- Surveillance radiologique de l’environnement et intervention en situation d’urgence radiologique.
- Radioprotection de l’homme.
- Prévention des accidents majeurs dans les installations nucléaires.
- Sûreté des réacteurs.
- Sûreté des usines, des laboratoires, des transports et des déchets.
- Expertise nucléaire de défense.
L’IRSN réalise des recherches, des expertises et des travaux dans les domaines de la sureté nucléaire de la protection contre les rayonnements ionisants, du contrôle et de la protection des matières nucléaires.
L’IRSN répond aux questions posées par l’ASN. Les réponses et préconisations sont publiques, les scientifiques et experts peuvent en débattre avant que l’ ASN donne ses directives aux exploitants des centrales nucléaires
Pourquoi le gouvernement a-t-il voulu la fusion ASN-IRSN ?
Cette fusion vise à « fluidifier » et à réduire la durée des processus d’expertise, d’autorisation et de contrôle dans le cadre de la relance du nucléaire.
Elle est critiquée et rejetée par l’intersyndicale de l’IRSN, ainsi que de nombreux élus et associations environnementales.
Elle s’accompagne d’une perte de transparence : les analyses et préconisations des experts ne seront plus rendues publiques avant les prises de décision par l’ASNR ( Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection issue de l’absorption de l’IRSN par l’ASN). La perte de transparence n’est jamais facteur d’amélioration de la sécurité, en particulier dans un secteur critique comme le nucléaire.
De plus, la volonté de « fluidifier » implique une réduction des délais et risque de mettre sous pression les constructeurs et les exploitants des centrales nucléaires. Travailler sous pression avec des délais réduits n’est pas gage d’amélioration de la sécurité. Des exemples :
- explosion en 1986 de la navette Challenger
- crashs en 2018 et en 2019 d’avions Boeing 737 MAX
Chaque fois des délais trop réduits ont entrainé des défauts de construction mettant en cause la sécurité. Fluidité ne rime pas forcément avec sûreté !
Qui a voté cette fusion acquise à 7 voix de majorité ?
Les députés ayant voté pour sont issus de 4 groupes : Renaissance, Modem, Horizon et Républicains.*
Quelques députés, une trentaine, de ces groupes ont voté contre ou se sont abstenus. Le député de Fontenay, Jean-Louis Bourlanges, s’est abstenu.*
Les députés des 6 autres groupes ont voté contre cette fusion.*
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/scrutins/3547
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