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Réseaux sociaux : usage maîtrisé, c’est bien ; addiction, bonjour les dégâts

Ile-de-France, on transporte des individus ou des bulles ? 

          Dans le tram, dans le bus…, beaucoup de jeunes, et moins jeunes, ont leur portable à la main, pianotent, font des achats, consultent … Consultent qui ?  Le smartphone prend la place de tout le reste, crée une bulle par personne, une bulle qui « protège », c’est-à-dire protège à la fois de toute perturbation,  mais aussi empêche toute interaction avec le milieu extérieur, qui apparaît comme dangereux.  

         On pense souvent qu’en leur donnant un smartphone, on crée un lien entre enfants et parents,  on pense protèger nos jeunes. Mais de quoi ? Et leur a-t-on donné les règles de conduite sur les réseaux sociaux ?  De fait, via les réseaux sociaux, le monde extérieur les assaille  sans pause, si on n’a pas appris à en faire bon usage.TikTok ruine leur capacité à maintenir leur attention au-delà de quelques secondes, Snapchat les soumet à un environnement malsain, où ils peuvent converser avec des inconnus, photos inappropriées, drogue …Et l’IA va fournir de faux amis générés par des algorithmes, un monde virtuel qui évite l’observation du réel* . 


Extrait de la couverture du livre de Jonahan HAIDT*  

 Pas de pause, pas de temps mort, chacun gère sa propre bulle. Les écrans sont terriblement addictifs, c’est tellement plus lisse que la vraie vie. Sauf que les «chats» envahissent les jours et les nuits, manque de sommeil, dépendance, donc manque d’autonomie, emprisonnement «virtuel» qui remplace les activités sociales réelles, effacent toute liberté de pensée, de bouger, de rêver. 

 Pas de promenade en forêt, pas d’appétit pour la lecture, pas de trottinette en ville … autrement dit, mort des expériences essentielles au développement du cortex cérébral frontal et fin des relations sociales réelles.

 

 Convivial ou anxiogène ?  

          Depuis l’apparition d’Instagram, en 2010, photos et vidéos circulent sans précaution, la santé mentale des jeunes s’effondre, et parfois celle des moins jeunes aussi.  Les réseaux sociaux sont l’objet d’un étonnant paradoxe. Ils sont censés apporter divertissements et satisfaction. Les consulter est le premier geste du matin pour 48 % des 18-34 ans. Pourtant, plus les gens sont actifs sur les réseaux sociaux, et plus leur humeur est négative après y être allés.**

         Plus grave, un lien a été mis en évidence entre ces usages et des symptômes de dépression. Les préadolescents et adolescents semblent particulièrement sensibles. En particulier, chez les adolescents qui perçoivent leur réseau amical dans la vie réelle comme étant de faible qualité, les longues durées passées sur les réseaux sociaux sont associées à davantage de troubles dépressifs et d’anxiété sociale. 

        Et quand les réseaux sociaux donnent à certains un sentiment exacerbé de supériorité, cela donne l’Amérique « MAGA », qui méprise son « prochain », méprise son voisin, méprise l’Europe de la Culture, méprise la France des Droits de l’homme, méprise ceux qui se battent pour défendre leur pays contre un agresseur autre que virtuel... 

        Le mépris des autres, quand on s’enferme dans une bulle, c’est d’abord confortable. Jusqu’au jour où la réalité frappe de plein fouet des personnes jusque là surprotégées. 

   

Du bon usage des réseaux sociaux : ne pas en être esclave

        Et si on laissait parfois son smartphone dans la poche, si on profitait des transports en commun pour regarder les autres, dans toute leur diversité ? Pour faire provision d’images de la réalité, de la fatigue de l’un, des bagages de celui qui a l’air de partir en vacances, de celui qui cède sa place assise à une personne âgée…, de ce qui fait notre humanité. 

       Et si on regardait par la fenêtre du tram, du bus, du RER pour observer le monde extérieur jusque dans les « choses », les arbres ici, les places minérales là , les passants pressés ou pas, les couleurs du temps, distinguer les saisons, même en ville. Parce que les transports en commun amènent vers l’école, vers le travail,  vers un lieu de lecture (médiathèque, librairie), vers un lieu de cultures partagées (cinéma, spectacle vivant, musée), vers une vraie balade en forêt…

         A tous les étages, prévention, pour nos enfants, et pour la société dans laquelle nous voulons vivre.

             - Favoriser une enfance centrée sur le jeu, la liberté, les activités extérieures, les amitiés réelles et l’autonomie. 

             - Jusqu’au plus haut de l’Etat : réguler par des lois, à l’échelle européenne. L'Australie, elle, impose un âge minimal pour avoir un smartphone (comme il y a un âge minimal pour conduire une voiture).

 En Europe, des parents attaquent en justice des réseaux qui envoient à des adolescents des contenus dangereux dont par exemple des vidéos qui incitent au suicide.

- Pour lutter contre les abus de toutes sortes, des fake news aux ingérences dans des campagnes électorales ou autres.  Pour redonner du sens au « Vivre ensemble »,  pour ne pas confondre virtuel et réel.  

 

Suzanne Bourdet     Michel Faye

 

* Livre Génération anxieuse, par Jonathan Haidt, traduit de l’américain, éditions Les arènes 

** https://www.psychologies.com/Culture/Ma-vie-numerique/Articles-et-Dossie...

Images - de titre France info 

            - un extrait de la couverture du livre de Jonathan Haidt . Ce livre a été présenté dans le Monde du 4 mars 2025, page 25 Idées

             -  extrait de  https://www.lesinrocks.com/livres/generation-anxieuse-pourquoi-il-faut-b...

             - revue Innovations: https://innovations.fr/laustralie-envisage-dinterdire-les-reseaux-sociau...

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