On égrenait au printemps dernier le nombre de morts du Covid-19, on égrène désormais le nombre de cas positifs, sauf aucun regard critique. Créant une angoisse qui crée à son tour une demande de risque zéro, au risque de multiplier les fractures sociales, économiques, psychologiques, géographiques, générationnelles… Une angoisse qui pousse chacun à ouvrir les parapluies, dans une société trop souvent infantilisée. « Maîtresse, il m’a fait ci, il m’a dit ça ».

Le premier ministre conseille aux papys et mamies de ne pas aller chercher leurs petits-enfants à la sortie de l’école, et propose d’allonger la journée de périscolaire de ces petits-enfants, qui passeront ainsi plus de 40 heures par semaine en collectivité.  Des parents prendront des transports en commun bondés, la peur au ventre. Le rôle capital que jouent les seniors dans les équilibres familiaux sera mis à mal. Un, grand-parent, un senior, peut être adjoint au maire de Fontenay, maire dans les Hauts-de-Seine, député, sénateur ou ministre, mais serait un grand-parent irresponsable ?

Le mot réussite éducative est devenu inaudible. Certains enfants seront les grands perdants de la pandémie, à bas bruit aujourd’hui, mais sources de quelles colères dans quelques années ? Auront-ils encore la force de rêver, de créer, de progresser ? Depuis bientôt 30 ans, avec le groupe international recherche-enseignement Hands-on-Universe à la fondation duquel nous avons participé, nous persistons à croire au rôle fondamental de l’école pour construire une société plus juste, plus libre, plus solidaire. Notre congrès annuel, qui vient de se dérouler en virtuel cette année, et ses mille participants à travers le monde, confirme notre engagement.

Bonne rentrée à toutes et à tous, en particulier aux enfants, aux enseignant(e)s, aux personnels des écoles, des crèches et des accueils de loisirs.

Suzanne Bourdet et Michel Faye   https://sciencesbourdetfaye.fr