Pollutions des villes, pollutions des champs / ZFE et PFAS
La touffeur de l’été, la sortie (provisoire ?) d’un an de restrictions-Covid et de confinements, la fébrilité des politiques d’élection en élection, tout concourt à des débats à l’emporte-pièce, ou plutôt des non-débats, truffés d’affirmations péremptoires.
On ne compare pas des points de vue, on n’essaie pas de tirer le meilleur de nos différences. Non, on désinforme et/ou on laisse les lobbies prospérer. Bref, les pollutions vont bon train, au détriment de notre santé à tous.
Pollutions, bref état des lieux
- Pollution des villes : 40 000 morts /an sont dues à la pollution de l’air (NO2, particules fines PM10, émis par le trafic routier, notamment Diesel)
- Pollution des champs* : pollution due aux engrais, aux produits phytosanitaires (glyphosates, neonicotinoïdes, lindane et autres) dont les agriculteurs sont les premières victimes, et gaspillages d’eau en arrosages mal contrôlés.
- Pollution des eaux : elle met d’accord les villes et les champs, des déchets plastiques, des déchets agricoles (algues vertes), industriels, médicamenteux…
- Pollution électromagnétique : les opérateurs d’antennes-relais sont prêts à en poser toujours plus, souvent sans concertation avec les habitants.
- Pollution nucléaire : Que vont devenir les déchets nucléaires ? Que vont devenir nos centrales en fin de vie ?
Pollution des esprits : zéro débat de fond, zéro partage, zéro écoute ; on affirme, on excommunie, on ostracise, chacun se drape dans « sa » vérité plutôt que de réfléchir aux besoins et aux meilleurs moyens d’y répondre.
La ZFE du Grand Paris, état des lieux **
Il existe 231 ZFE en Europe, la Suède en a été pionnière en 1996. En France, la Zone à Circulation Restreinte (ZCR), renommée Zone à Faible Émission (ZFE) a été instaurée en 2016 dans le projet de Loi d’Orientation des Mobilités (LOM).
La Ville de Fontenay a traîné les pieds, le maire propose enfin pour septembre prochain une consultation publique, s’adressant en particulier aux propriétaires des véhicules concernés par les restrictions de circulation (véhicules Crit’air 4, 5 et hors classe).
Mais bien d’autres questions méritent d’être posées. L’échéance du 1er janvier 2024 marquera l’interdiction de tous les diesels, mais qu’en fera-t-on ? Enverra-t-on ces véhicules à la casse ou dans des pays pauvres ? Et qui posera la question des véhicules anciens utilisés rarement ? Pourrait-on leur donner un droit à rouler annuel de 1000 km par exemple ? Qui posera la question des « grosses voitures très récentes » : actuellement, une Lamborghini Aventador ou une Bugatti Chiron sont Crit'Air 1, pas uneRenault Clio 2 ou une Peugeot 206, même parfaitement entretenues. La faute à l'âge du véhicule, et aux systèmes de dépollution plus anciens. Comment répondre de façon plus efficace et plus équitable ?
De leur côté, les constructeurs automobiles français prônent la voiture toute électrique, qui pourrait leur rapporter gros, mais à quel prix, pour le consommateur, et pour la quantité d’énergie à produire, et avec quelle pollutions sur les lieux de production de l’électricité? Qui traitera du développement des transports collectifs ? Qui enfin acceptera un débat complet, santé publique et mobilités ?
Un rapport du CEREMA (Climat et Territoires de Demain) conclut que les ZFE doivent être étudiées dans le cadre d’une politique territoriale globale. En ce sens, en mars 2019, le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a recommandé de traiter la question de la mobilité conjointement avec celles de l’énergie, du logement, de l’agriculture et de l’alimentation dans une "politique territoriale de développement durable et solidaire" et en particulier de "faciliter la mobilité choisie et limiter la mobilité contrainte".
Autant de synergies à créer, dans un pays peu habitué à ces démarches globales pourtant indispensables.
Les PFAS, substances chimiques nocives omniprésentes dans nos emballages alimentaires ***
Le film Dark waters (image ci-dessus), sorti le 26 février 2020, relate une affaire de contamination de l’environnement par une décharge de produits perfluorés qui a secoué l’opinion publique aux Etats Unis dans les années 2000. L’étude épidémiologique menée à cette occasion a contribué à mettre en évidence une grande variété d’impacts sanitaires dans la population.
Les PFAS, PerFluoroAlkyleS et PolyFluoroAlkyleS sont utilisés pour ignifuger ou imperméabiliser des emballages alimentaires. Une étude menée en 2017 sur 400 emballages et papiers à usage alimentaire a montré que plus de la moitié des papiers d'emballage à pain et à dessert contenaient ce composé fluoré. Il était également présent dans 40 % des papiers à sandwich et hamburger ainsi que dans 20 % des cartons utilisés par exemple pour contenir les frites. Ce produit chimique est couramment ajouté aux emballages pour leur offrir une résistance à l'eau et aux graisses qui permet d'emporter facilement la nourriture.
Les PFAS s’accumulent dans le sang, et dans notre corps, où ils restent très longtemps. Ils s’accumulent aussi dans l’environnement. Or, des études s’accordent à relier les PFAS au cancer, aux troubles de la thyroïde, aux dérèglements hormonaux et à la prise de poids
Après le plomb, l’amiante, le bisphénol, certains produits phytosanitaires, ce sont les PFAS qui commencent à être interdits (Etat de Washington, Etat de Californie, Danemark)
Si on avait des débats soucieux du bien public, si on avait des transports en commun de qualité, si on avait du temps pour cuisiner nos repas nous-mêmes, et si divers lobbies avaient moins de prise sur nos vies…, on améliorerait notre qualité de vie. Indéniablement .
Suzanne Bourdet Michel Faye
** https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/27/pollution-les-zones-a-faibles-emissions-inquietent-les-automobilistes-les-plus-modestes_6081625_3234.html et https://www.cerema.fr/fr/actualites/zones-faible-emission-comment-prendre-compte-impact-social
Image affiche du film Dark Waters.
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