Pesticides agricoles et effets cocktail, stop ou encore ?

Difficultés politiques, difficultés budgétaires, difficultés climatiques, on se nourrit tous les jours, on se déplace tous les jours, bref, on en oublierait qu’on respire tous les jours, dans un contexte où la France peine à respecter les normes européennes actuellement en vigueur à propos de qualité de l’air. Quelques actualités viennent nous rappeler brutalement cette question.

Pesticides et maladie de Parkinson

Médecin, mais aussi activiste politique et géologue, James Parkinson (1755-1824) a été le premier, en 1817, à décrire et identifier la « paralysie agitante » (shaking palsy). En 1876, le neurologue Jean-Michel Charcot la renommera « maladie de Parkinson », en hommage au « découvreur » de cette maladie .*

La maladie de Parkinson est la maladie neurodégénérative qui progresse le plus rapidement en France. Depuis 2012, la maladie de Parkinson peut, sous certaines conditions, être reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. Mais alors qu’on pensait que les pesticides augmentaient fortement la probabilité de développer la maladie de Parkinson « seulement » chez les agriculteurs et les riverains des exploitations, un programme de recherche en neuro-épidémiologie a montré que la population concernée serait en réalité bien plus importante**.

Pesticides et cancers multipliés chez les enfants

Depuis quelques années, les cancers se multiplient en Charente-Maritime, en particulier chez les enfants. Le CHU de Poitiers a alerté dès 2018. Et pourtant… Pourtant, plus de 70 cancers se sont déclarés chez des enfants de six communes de la zone d’Aunis sans enquête officielle. Du coup, les familles se sont organisées en association, Avenir, Santé, Environnement pour faire analyser des prélèvements de cheveux et d’urine dans un laboratoire de toxicologie et de pharmacovigilance d’un CHU. Des pesticides, dont certains interdits, ont été retrouvés dans tous les prélèvements ; des insecticides néonicotinoïdes. Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS et grand spécialiste des nécotinoïdes, parle de « probables usages illégaux ». ***

Les alertes se multiplient en Aunis, y compris dans l’air et dans l’eau du robinet, mais, face à la colère des agriculteurs, on met en pause le plan Ecophyto qui devait piloter la réduction des pesticides et on change d’indicateur : on abandonne le NODU franco-français, contesté par l’agro-industrie, mais défendu par les associations environnementales et le syndicat FNSEA ; on passe au HRI, supposé moins contraignant****.

"En changeant d'indicateur, le gouvernement peut présenter un plan qui montre que l'utilisation a diminué alors que l'indicateur actuel montre l'inverse", a dénoncé sur France-Info Dorian Guinard, professeur en droit public à Sciences Po Grenoble et spécialiste du droit de l'environnement.

Prises de consciences et enjeux de santé publique

Effets cocktail : Outre les pesticides agricoles, une part non négligeable de produits d’origine domestique est mise en cause dans l’enquête menée par l’association Avenir, Santé, Environnement . Près de la moitié des enfants montrent des traces de pentachlorophénol (PCP), longtemps utilisé pour traiter le bois, aujourd’hui interdit. Ce perturbateur endocrinien présent dans les poutres des maisons est relargué en continu dans l’air.

Qualité de l’air : Une autre association, l’association Respire***** a mené une enquête d’opinion qui montre que, lorsqu’il s’agit d’améliorer la qualité de l’air, l’ensemble des mesures portées par l’association Respire lors de ses campagnes sont soutenues par plus de 70 % des Français, quel que soit leur bord politique: protéger les abords des écoles, mettre en place des Zones à Faibles Emissions (ZFE) pour lutter contre la pollution automobile , mais aussi changer les produits d’entretien pour des formules moins polluantes, remplacer les appareils ménagers par des appareils moins émetteurs, notamment quand il s’agit de chauffage, privilégier les déplacements en transport en commun et moins utiliser la voiture …

Oui mais… Et là, les efforts de chacun se heurtent aux difficultés citées en introduction de cet article, et au manque de pilotes institutionnels, collectivités locales, Etat, Europe.