Le premier cargo à cerf-volant
On parle beaucoup de la pollution de l’air qu’on respire autour de nous, de l’empreinte carbone de nos activités. On connaît moins l’empreinte carbone de nos achats, lors de la fabrication de ce qu’on achète, et lors du transport, souvent maritime, de produits fabriqués loin de chez nous. Plus de profits, plus de pollutions.
Exemple : de la Chine vers la France, transport maritime, 35 à 40 jours actuellement *. Avec toutes les pollutions qui l’accompagnent.
Le fret maritime aussi pollueur que la circulation automobile
En 50 ans, les transports de marchandises ont été multipliés par 4. Ce sont surtout les bateaux qui transportent les marchandises. Or, ont rappelé les gouvernements américain et norvégien, lors de la COP 27 en 2022 à Charm El-Cheikh, « Si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus grands émetteurs mondiaux de CO2»*
Le transport maritime représente 90% des échanges commerciaux mondiaux . Et pollue à peu près autant que la circulation automobile totale.
Le carburant des cargos, un résidu de pétrole visqueux, est le champion des pollueurs. Les cargos lourdement chargés sont de gros consommateurs d’énergie, gros émetteurs d’un cocktail de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone CO2, méthane CH4, oxydes d’azote NOx) mais aussi en particules de soufre et particules fines. Le trafic maritime et le trafic routier émettent à peu près autant de CO2 l’un que l’autre.
Ajoutez le déversement de produits toxiques (eaux usées des navires), de la migration d’espèces invasives (par les eaux de ballast), de la pollution sonore, de la perte de conteneurs en mer… Liste impressionnante.
Certains se tournent vers le Gaz Naturel Liquéfié (GNL), mais, comme l’a souligné le GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat), la réduction des particules fines ne peut compenser le surcroît de fuites de méthane (30 fois plus impactantes que CO2 sur l’effet de serre).
Le Programme des Nations unies pour l’environnement recommande plutôt d’« élaborer des réglementations et de soutenir les politiques fiscales pour passer totalement à des carburants à faible émission de carbone (…) : les biocarburants non alimentaires, l’hydrogène vert, les énergies renouvelables et les carburants de synthèse »*. Il sera difficile de tenir l’objectif de la marine marchande : réduire ses émissions de 40% à partir de janvier 2023.
Quelles innovations éco-responsables pour le fret maritime ?
Les chercheurs proposent des solutions inattendues. Vous connaissez la planche de surf tirée par une aile volante. Voici le cargo tiré par une aile géante de surf. Le « Beluga Skysails », un navire marchand de 132 mètres, construit à Hambourg par la société Skysails, s’est élancé en 2007 pour un essai de la traversée de l’Atlantique jusqu’au Vénézuela .Le cerf-volant est relié à un mât de 15 mètres de hauteur en poupe tenu par un câblage textile technique de la société COUSIN du Nord Pas de Calais).
Beluga Skysails, cerf-volant de fabrication allemande
Pour tirer un porte-container de 100.000 tonnes, il faut une aile de 1.000 m2 qui fait 100 tonnes de traction***. Pilotage informatique: décollage de l’aile, atterrissage et les fameux mouvements en huit pour obtenir la meilleure traction.
Côté France, ce sont les Nantais de la startup AirSeas qui ont développé cette technologie. Et c’est le « Ville de Bordeaux », un cargo de 154 mètres qui sera le premier à l’exploiter. Il va prendre la mer pour transporter des pièces d’avion entre la France et les États-Unis. Le test devrait durer six mois. Et si tout se passe bien, le système sera étendu à d’autres lignes régulières.
Airseas, cerf-volant de fabrication française
Economie de 20% de carburant. Equipement remboursé en cinq ans. La marine à voile,- pardon, à cerf-volant, est en mer.
Les cargos à voiles ont aussi le vent en poupe. En France, c’est la société Grain de Sail****, basée à Morlaix, qui, depuis 2020, assure deux liaisons transatlantiques par an pour ramener du chocolat et du café bio des Antilles, et prévoit d’ouvrir d’autres lignes.
Cargo à voiles" windcoop" de la société Grain de Sail
Hissez haut, toujours plus haut. A ce jeu, les cerfs-volants ont une hauteur d’avance, car plus on est haut, plus le vent a des chances d’être fort. Oh! Hisse!.
Suzanne Bourdet Michel Faye
Et
https://www.europe1.fr/emissions/L-innovation-du-jour/le-premier-cargo-a-cerf-volant-4160001
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