Energies 1 / Dis-moi comment tu bouges…
La guerre en Ukraine, et le choc énergétique qui en découle, nous rappellent que la sobriété énergétique permet à la fois de lutter contre le réchauffement climatique et d’assurer notre indépendance face à des producteurs de pétrole, de gaz ou d’uranium qui profitent de nos appétits pour s’enrichir tout en asservissant les populations, ou qui détruisent les écosystèmes.
Pour une sobriété intelligente plutôt qu’une sobriété punitive
Le transport routier représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre et 80% de la pollution atmosphérique*. Comment mieux se déplacer ?
Petits trajets, chaque fois que possible, allez à pied, en trottinette ou à vélo. Aller au travail ? Privilégiez les transports en commun, c’est plus facile en région parisienne qu’en province. Bus, métros, trains, comme les automobilistes, adoptent petit à petit l’éco-conduite (conduite souple, vitesse stable, moteur tournant à bas régime).
Mais encore ? Utilisez le télétravail chaque fois que possible, c’est souvent du temps, de la dépense et de la fatigue en moins.
Mais encore encore ? Pourquoi habitez-vous loin de votre travail ? Parce que les AirBnb (logements pour touristes) et les bureaux vides ou logements vétustes parisiens vous obligent à vous loger toujours plus loin.
Mais encore encore encore ? Comment achemine-t-on les marchandises ? Camions, trains, trajets démultipliés par des productions dispersées dans le monde ou relocalisations ? « On fait une loi climat, mais le premier réflexe, c’est de soutenir la route, s’exaspère un patron du fret ferroviaire »*. Privilégiez les achats de proximité et les circuits courts.
Mais encore, encore, encore, encore ? La voiture électrique est une voiture propre ? En fait, elle renvoie simplement ses déchets sur les lieux de production de l’électricité, si cette électricité ne provient pas elle-même d’une source d’énergie renouvelable.
Pour une production d’énergie intelligente
Concernant les mobilités, comme dans tous les domaines, le prix de l’essence, et plus largement les prix de l’énergie, font débat. La voiture électrique elle-même pose le problème de l’énergie utilisée pour produire l’électricité.
En Allemagne, des coopératives citoyennes d’énergies renouvelables participent à l’objectif de 100% renouvelable à l’horizon 2040 ou 2050. Cela vous intéresse ? En tout cas, cela nécessite un vrai débat citoyen; et ça, en France, on ne sait pas encore faire.
Pourquoi développer les énergies renouvelables ? Parce qu’elles sont sources d’emplois locaux et de revenus locaux (à condition d’associer les élus locaux et les acteurs locaux). Parce qu’elles échappent aux dangers et chantages qui affectent le nucléaire actuel : problèmes posés par le vieillissement de nos centrales, par l’accumulation de déchets nucléaires dangereux pour 100 000 ans, et par le chantage au nucléaire comme celui subi par l’Europe en ce moment. Et parce qu’on sait désormais associer les énergies renouvelables à des centrales à hydrogène pour stocker ces énergies. **
Le véhicule à hydrogène, lui aussi, est souvent présenté comme « décarboné» car sa motorisation n'émet pas directement de gaz à effet de serre.
- Energie « verte » ou énergie « grise » ? La production préalable de l'hydrogène à consommer, qui en 2019 était encore à 95 % à partir d'hydrocarbures, et l'énergie grise nécessaire à la fabrication du véhicule, renvoient la pollution sur les sites de production de l’électricité, mais la pollution subsiste.
- Un véhicule à hydrogène vraiment « vert » ? La voiture à hydrogène « vert » utilise de l’hydrogène produit à partir d’énergies « vertes ». Lancée à Paris en 2015, à l’occasion de la COP21, pour répondre aux enjeux de santé publique en environnement urbain, Hype***, première plateforme de mobilité hydrogène, intègre simultanément production, distribution et usages – avec le taxi et les véhicules de ramassage des déchets comme premiers marchés pertinents.
Le ferroviaire aussi se dote de rames à hydrogène.
- La SNCF et les 4 régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Occitanie viennent de commander à Alstom 14 rames RégiolisH2 ( H2 = hydrogène). Les piles à hydrogène (ou piles à combustibles) remplaceront le moteur Diesel****. Livrables pour 2025.
- « L’hydrogène stocké dans les réservoirs est mélangé à l’oxygène de l’air ambiant dans la pile à combustible, située en toiture du train, pour obtenir de l’électricité nécessaire à la traction de la rame. Cette électricité, qui peut être stockée dans les batteries, est consommée par les moteurs de train. Le seul résidu de cette réaction ? De l’eau. »
Bouger durable, c’est possible, ça pollue moins, c’est meilleur pour notre santé et pour la santé de la planète. Ça peut nous permettre des économies, et ça améliore notre indépendance énergétique. Ticket bien « vert » gagnant, c’est le printemps des mobilités.
Suzanne Bourdet Michel Faye
* https://www.clcv.org/transport-eco-mobilite/transports-bouger-durable
** http://www.pourfontenay.fr/blog/tu-mourras-moins-bete-2-conte-court-pour-temps-de-guerre
*** https://hype.taxi/accueil/
**** https://www.sncf.com/fr/engagements/enjeux-rse/sncf-accelere-train-a-hydrogene
Images dans le texte :
https://www.clcv.org/transport-eco-mobilite/transports-bouger-durable
https://www.sncf.com/fr/engagements/enjeux-rse/sncf-accelere-train-a-hydrogene
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