1 - Redonner un sens au mot salaire : le salaire que l’on perçoit doit reconnaître l’utilité sociale de l’activité. Les autoproclamés « premiers de cordée » traders, communicants… sont surpayés, les «petites mains  au grand cœur » du quotidien (voir notre article de blog du 24 mars 2020) sont sous-payées., infirmières, médecins, professeur( e)s, mais aussi auxiliaires de vie, chauffeurs de bus-de camion-de taxi, travailleurs du petit et du grand commerce, agriculteurs du quotidien, agents de propreté ... Sans oublier de reconnaître, respecter, et rémunérer  les créateurs, les inventeurs, les porteurs de projets.

2- Utiliser un vocabulaire du quotidien plutôt que la grandiloquence du vocabulaire guerrier. La grandiloquence du vocabulaire guerrier masque des choix de société pour le moins douteux : stocks de masques ou stocks de LBD, stock-options ou stocks de matériel sanitaire, hôpital de flux, bed managers et logique de rentabilité ou services du quotidien ? Le  vocabulaire du quotidien, c’est une médecine de qualité pour tous, la solidarité par la sécurité sociale, par l’impôt (au fait, où en est l’impôt sur la fortune ?), par les services publics. Pour les moyens nécessaires à la médecine hospitalière ; pour une nourriture de qualité pour tous ; pour la réussite éducative de tous…

3 – Accepter de remettre l’humain au centre,  non pas l’Homo oeconomicus qu’on nous a survendu, mais un pays de liberté, égalité, fraternité qui a besoin de souveraineté économique pour les produits du quotidien, de services publics au quotidien, de dialogue social plutôt que de répression, de justice et de moyens, bref, d’une véritable politique de proximité, plutôt que de « politiciens »  qui se prendraient pour des « managers ».

Il s’agit de répondre à la fois à l’exigence écologique et à l’exigence sociale,  étroitement imbriquées l’une à l’autre. Il est essentiel de travailler tous ensemble en consultant les climatologues, géologues, biologistes, physiciens … mais aussi historiens, sociologues, gens de terrain. On en revient à l’importance de l’éducation, les décisions collectives y gagneront beaucoup. Et la politique y retrouvera sa noblesse.

Suzanne Bourdet

* Cet essai est inspiré en partie de l’article Après cette histoire-là, publié par Johann CHAPOUTOT, journal Libération, jeudi 2 avril 2020.